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EXÉCUTION BUDGÉTAIRE 2020 : Voici intégralité du discours d’Abdoulaye Daouda Diallo

Monsieur le Directeur général du Budget ;

Messieurs les Directeurs généraux ;

Mesdames et messieurs les Directeurs et Chefs de service ;

Chers participants ;

C’est avec un réel plaisir que je viens présider cette rencontre qui consacre le lancement officiel de l’exécution budgétaire, au titre de l’année 2020. Il s’agit d’une rencontre annuelle désormais inscrite dans la tradition institutionnelle.

Avant tout, je voudrais saisir l’heureuse opportunité qui m’est offerte à l’entame de ce nouvel an, pour formuler à l’endroit de toutes et de tous, mes meilleurs vœux.

Que l’année 2020 soit, pour vous et les vôtres, une année de santé, de paix, de bonheur et de grandes réalisations de vos projets individuels et professionnels.

Mesdames et Messieurs,

L’année 2019 qui vient de s’achever a été une année particulière marquée par l’organisation, au mois de février, de l’élection présidentielle. A cet effet, la nation toute entière a encore administré, la grandeur et la maturité démocratiques de notre pays.

En dépit de l’année électorale où il a été noté une forte pression sur les finances publiques, l’exercice budgétaire a été clôturé avec succès grâce notamment à la franche collaboration de tous les acteurs de la chaîne de dépenses.

C’est pourquoi, j’exprime aux représentants des institutions et départements ministériels, la profonde gratitude du Ministère des Finances et du Budget.

Mesdames et Messieurs,

En 2019, l’économie a continué, à l’instar des années précédentes, à être extrêmement dynamique avec, pour la 6ème année consécutive une croissance économique de plus de 6%, ce qui a permis de maintenir, sur la période 2014-2019, une moyenne de la croissance économique à 6,5%.

Cette croissance s’est accompagnée d’une très faible inflation de 1%, loin du seuil de 3% fixé par les critères de convergence de l’UEMOA.

Quant à l’exécution du budget, elle a été rythmée, entre autre, par la satisfaction des besoins d’accès des populations aux infrastructures socio-économiques, la mise en œuvre d’une politique sociale hardie en direction des couches les plus vulnérables, le respect des engagements conclus avec les syndicats, particulièrement de l’éducation, de la santé et de la justice et le règlement d’une part importante des obligations impayées spécifiquement dans les secteurs de l’énergie et des BTP, conformément aux orientations données par Monsieur le Président de la République, son Excellence Macky SALL.

Au regard de ces considérations, nous pouvons dire que la gestion budgétaire 2019 a été performante du fait de l’atteinte des objectifs de recettes de la deuxième loi de finances rectificative (LFR) 2019 d’un montant de 2 561,6 milliards FCFA et de l’exécution satisfaisante des dépenses.

En effet, les charges de l’Etat constituées du service de la dette, des dépenses de personnel, des dépenses de fonctionnement hors personnel, des dépenses d’investissements sur ressources internes et celles sur ressources externes, pour un montant de 4 003 milliards FCFA en 2019 ont été exécutées à hauteur de 3 940 milliards FCFA, soit un taux de réalisation de 98,4% contre 96,1% en 2018, soit une amélioration de 2,3 points.  

Pour le paiement de ces dépenses, les ressources de trésorerie nécessaires ont été totalement mobilisées avec une progression annuelle de 463,3 milliards FCFA en valeur absolue et 14,3% en variation relative. 

Ce financement exceptionnel engrangé en 2019 a permis le report sur la gestion 2020 d’un solde de trésorerie mobilisable au 1er janvier sur les comptes du Trésorier général de l’Etat du Sénégal d’un montant de 145,34 milliards FCFA.

Aussi, en ce début d’année 2020, l’Etat a-t-il pu faire face, avec aisance, aux premières dépenses urgentes et prioritaires pour un montant de 58 milliards FCFA.

Au total, le Sénégal affiche une bonne santé économique et financière au terme de la gestion 2019 et tous les indicateurs quantitatifs du Programme économique et financier sont respectés, à savoir :

  • le plancher des recettes fiscales, d’un montant de 2 328 milliards FCFA a été largement dépassé pour atteindre 2 561,6 milliards FCFA ;
  • la cible de déficit budgétaire se situe à 3% du PIB hors opération SENELEC de 125 milliards FCFA ;
  • le plafond trimestriel des instances de paiements arrêté à 40 milliards FCFA a été maintenu à 25 milliards FCFA ;
  • le plancher des dépenses sociales établi à 35% du budget (hors dette et hors charges non réparties) dépasse les 45% ;
  • l’encours de la dette publique établi à 7 339 milliards FCFA est largement inférieur au plafond de dette d’un montant de 9 114 milliards FCFA.

Mesdames et Messieurs,

Sur un autre plan, la 10 janvier 2020, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un accord triennal (2020-2022) en faveur de l’Etat du Sénégal, au titre de l’Instrument de Coordination de la Politique économique (ICPE) qui est un nouvel instrument introduit en 2017 par le FMI, pour soutenir les pays démontrant leur volonté de réforme et de renforcement du fianncement de leur économie.

A cet égard, le FMI s’est félicité du dynamisme de l’économie sénégalaise avec une croissance robuste portée par d’importants investissements publics, dans le contexte d’une amélioration de l’environnement des affaires. L’institution monétaire a fait des appréciations positives sur les perspectives favorables de notre économie.

L’ICPE pour le Sénégal met l’accent sur une croissance élevée, durable et inclusive, la consolidation de la stabilité macroéconomique grâce à une politique budgétaire prudente, à une bonne gestion de la dette, et la gestion transparente du secteur du pétrole et du gaz.

Par ailleurs, il est important de noter que le programme économique et financier du Sénégal appuyé par l’ICPE ne comporte aucun soutien financier du FMI ; les programmes avec soutien financier étant réservés aux pays ayant des difficultés macro-économiques et qui font appel au FMI.

Mesdames et Messieurs,

Avec la loi n° 2019-17 du 20 décembre 2019 portant loi de finances pour l’année 2020, le Sénégal s’apprête à vivre un moment crucial, celui d’un changement de paradigme dans la gestion de ses finances publiques, qui se décline principalement à travers deux réformes majeures : la budgétisation par programmes et la déconcentration de l’ordonnancement.

Il s’agit, à travers ces réformes d’envergure qui consacrent la mise en œuvre des innovations contenues dans la loi organique n° 2011-15 du 08 juillet 2011 relative aux lois de finances, « de faire la réforme de l’Etat par le budget ». Ces innovations vont permettre assurément, dans une dynamique d’ensemble, de procéder à une nouvelle conceptualisation de l’Etat, de ses missions et de ses modalités d’intervention.

Ainsi, l’application de cette loi organique va transformer, en profondeur, les modalités de gestion des deniers publics, en faisant de la performance la cible de l’action de l’Etat. Cette recherche de performance va impliquer, pour l’administration, un changement dans la chaîne des responsabilités, s’agissant précisément des relations entre le Ministre chargé des Finances et les autres Ministres, mais également entre ces derniers et les administrations dont ils ont la charge.

Il demeure donc constant que cette réforme constitue une opportunité qui s’ouvre à nous pour réformer notre Etat, car la quête de la performance en management public est antinomique de la routine, de la léthargie, de procédures lourdes qui conduisent toutes à l’inefficacité et l’inefficience.

Par ailleurs, il apparait nécessaire de rappeler que le budget de l’année 2020 sera exécuté conformément aux dispositions du décret n° 2012-673 du 04 juillet 2012 portant nomenclature budgétaire de l’Etat, modifié et celles du décret n° 2020-28 du 08 janvier 2020 relatif à la gestion budgétaire de l’Etat. En fait, les dispositions desdits décrets sont plus conformes aux exigences d’une gestion budgétaire axée sur la performance.

Mesdames, Messieurs,

Pour garantir la réussite de l’exercice budgétaire au titre de l’année 2020, l’occasion a été saisie, à travers la circulaire de mise en place des crédits, pour faire un rappel de certains principes et règles qui gouvernent l’exécution de la dépense publique. Cette approche s’avère nécessaire en ce sens qu’elle permet, dans une démarche proactive et participative, d’identifier les obstacles qui pourraient entamer le bon déroulement de l’exécution budgétaire.

C’est ce qui justifie la tenue de la rencontre de ce matin. Celle-ci est, en effet, un cadre formalisé, j’allais dire institutionnalisé, qui permet de susciter la réflexion, de passer en revue les incompréhensions notées dans le dispositif tant législatif que réglementaire, afin d’éclairer les points qui peuvent prêter à équivoque.

Il s’agit donc, partant d’un dialogue ouvert et fécond, de confronter les points de vue, d’harmoniser les compréhensions dans une perspective mutuellement bénéfique, et qui met à profit la science et les expériences de l’ensemble des parties prenantes de l’exécution budgétaire.

Sous ce rapport, je voudrais affirmer que le Ministère des Finances et du Budget reste ouvert à vos suggestions et propositions parce que convaincu que vos interprétations de certaines questions techniques peuvent nous enrichir.

C’est pourquoi, je vous invite à participer de la manière la plus active et à ne pas hésiter à faire remonter ce que vous-mêmes, cadres des autres structures, percevez comme des limites dans nos procédures.

Mesdames et Messieurs,

Je vous exhorte à profiter pleinement de ces moments que vous allez passer ensemble pour questionner librement vos pratiques actuelles afin d’en sortir des recommandations pertinentes qui aideraient à  garantir la réussite de l’exécution budgétaire au titre de l’année 2020.

Je ne saurais terminer sans adresser mes vives félicitations à la Direction générale du Budget, en particulier à la Direction du Contrôle Budgétaire, maîtresse-d’œuvre de cette activité.

Je souhaite plein succès à vos travaux et déclare ouvert l’atelier de lancement de la gestion budgétaire 2020.

Je vous remercie pour votre aimable attention.