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PIRE-25E DÉCÈS DU CORONAVIRUS : Aliou Diouf, l’histoire d’un «rechuté» emporté par le Covid

25e cas de décès du Coronavirus au Sénégal, Alioune Diouf, 60 ans, habitait Pire, dans la région de Thiès. Cordonnier de métier, il a été emporté par la maladie, après une rechute. Nous renseigne gfm Un poste radio collé à l’oreille, El hadji Diop écoute avec attention les informations. Avec un masque qui lui couvre le nez et la bouche, le vieil homme, assis sous un arbre devant la porte de sa maison, décroche instinctivement son téléphone. Son domicile est situé à une trentaine de mètres de celui d’Alioune Diouf, 25e personne décédée du Covid-19 au Sénégal. «C’était un homme sociable. Il a pratiqué la cordonnerie à Pire pendant plusieurs années. Il cousait des gris-gris et rafistolait des chaussures en cuir. Il avait fini par s’établir à Dakar. Mais sa famille était restée à Pire», témoigne-t-il. La rue sent encore l’odeur des pesticides qui ont été utilisés pour désinfecter la grande et modeste concession des Diouf. Le décès d’Alioune Diouf, 60 ans, a surpris les habitants du quartier Pallène, qui se sont réveillés avec la gueule de bois. Les rues sont presque vides. Il y règne un calme plat. La crainte est perceptible sur le visage des quelques personnes qui osent encore pointer le nez dehors. Cordonnier de profession, Alioune Diouf exerçait son métier depuis quelques années à Dakar, 105 kilomètres de la commune de Pire. Atteint du Covid-19 par la transmission communautaire, il avait été interné au pavillon des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann. Les derniers tests virologiques se sont avérés négatifs. Il a été autorisé à rentrer chez lui en fin de semaine. Ses enfants avaient demandé qu’il soit conduit dans la commune de Pire auprès de sa famille afin que sa convalescence soit plus supportable. Mais quelques heures après son arrivée, il était très mal en point. Le vieux cordonnier a été conduit au poste de santé de la localité le dimanche matin. Mamour Diop, membre du comité communal de lutte contre les épidémies, renseigne que lorsqu’il est arrivé au poste de santé, l’équipe médicale était méfiante. «L’aide-soignante a entendu un des accompagnants se plaindre du sort réservé à son père à l’hôpital Fann, où on ne lui donnait que des comprimés. Elle a alerté l’infirmier chef de poste sur la probabilité que le malade soit contaminé. L’infirmier chef de poste a accueilli le vieil homme, qui présentait tous les signes de la maladie à Coronavirus», indique-t-il. Informé, Dr El hadji Malick Ndiaye, médecin-chef de la région médicale de Thiès, a instruit son transfert, ce jour-même, à Dakar. 16 cas contacts dont l’infirmier et la matrone, en quarantaine Les prélèvements opérés sur lui sont revenus positifs le lundi. Mamour Diop, membre du comité local de lutte contre le Covid-19, se désole de constater que leurs efforts ont été vains. «Le comité de lutte contre le Covid-19 a fait un important travail de sensibilisation. Mais nos efforts ont été sapés par l’importation de ce cas venu de Dakar. Ce patient a été considéré guéri. Il est venu à Pire et il a rechuté. C’est une grosse erreur médicale. Je ne sais pas comment le diagnostic a été fait pour parvenir à des tests négatifs. Aujourd’hui, il a exposé sa famille et les habitants de la commune», regrette-t-il. Marié à deux épouses, le vieux cordonnier était en contact avec plusieurs membres de sa famille et des agents du poste de santé de Pire, notamment l’infirmier chef de poste et une matrone. Au nombre de 16 cas contacts à haut risque, ils sont mis en quarantaine dans un hôtel de la commune de Mboro. Adama Diop trouve qu’il y a eu un véritable laxisme dans la gestion de ce cas. «On ne peut pas comprendre qu’un patient guéri ait pu avoir des complications graves quelques heures après sa sortie d’hôpital», peste-t-il. Aujourd’hui, les populations de Pire vivent un choc émotionnel. Pathé Diop, enseignant, note que ce décès a sapé l’ardeur des populations qui étaient en guerre contre le Covid-19. «Il est retombé malade 12 h après sa sortie d’hôpital. Et cela correspond à son temps de séjour à Pire. Car aussitôt arrivé, il a rechuté», dira-t-il. Face à cette situation, avec l’introduction de la maladie dans la commune de Pire, le comité local de lutte contre le Covid-19 est en alerte, surtout que le Président de la République a opté pour l’assouplissement des mesures. Abdoul Aziz Bâ, 1er adjoint au maire, signale que toutes les dispositions sont prises pour l’ouverture des mosquées. Il prie pour que les cas contacts du 25e décès du Covid-19 ne soient pas contaminés. Le sous-préfet a mis à la disposition de chaque responsable de mosquée 50 masques. Une quantité jugée dérisoire, comparé aux milliers de masques offerts par le comité aux populations pour les protéger du Covid-19. Alioune Diouf a été inhumé hier à Touba.