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Une journée à l’hôpital National Universitaire de Fann

Hier, de 08h30 à 22h ou un peu au-delà j’étais à l’Hôpital National Universitaire de Fann. Une journée si longue et combien harassante.
Il est vrai que le Service des Urgences avait bien pris en charge les patients, parmi eux mon fils pour les premiers soins. Entre le contrôlede la température corporelle, la tension artérielle, la prise de sang, les instructions pour le scanner ou de radiographie et autres étapes préalables pour une décision du médecin, tout avait été fait. Il fallait payer à l’avance.
Puis vint la grève, relatée hier, occasionnant un arrêt de travail de 10h à 14h. Les urgences fonctionnaient mais les malades étaient bloqués faute de retour des résultats d’analyses, de radiographies et de scanners.
A cette situation, s’ajoutait l’inconfort pour les malades, aux urgences. Ils étaient obligés de rester sur des fauteuils car il n’y avait pas lits ou une sorte de fauteuil allongé pour poser ses jambes. Seule, s’offrait aux pauvres patients, la position assise avec les jambes flèchies et de temps en temps allongées sur les carreaux pour les perfusions.
Les malades avaient fait des heures dans cette position assise . Mon fils y était jusqu’à la rupture du jeûne car certains résultats n’étaient pas disponibles. Le personnel habilité à le faire était rentré.
Nous avions tout fait pour que le personnel soignant lui trouve un lit. Il se serait allongé pour dormir ou se reposer en attendant le neurologue.
Les résultats n’étaient pas disponibles car le ticket aurait été perdu. Il fallait attendre alors que l’interprétation exigeait la présence des deux pour un avis du spécialiste.
Vers 20h, un lit avait été trouvé au niveau des urgences grâce à l’aide d’une gentille assistante de l’interne des urgences. Il y avait le lit mais point de matelas. Le frère, un cousin, le beau-frère et la sœur de mon fils, déterminés, allèrent en acheter à l’extérieur. C’était un ouf de soulagement pour notre malade.
Pour compléter le dossier, une autre prise de sang avait été faite permettant d’avoir des résultats une heure après au lieu d’attendre le lendemain.
Il fallait maintenant la venue du neurologue qui était seul à faire le tour des malades. Il tardait à venir jusqu’à la porte d’entrée de l’hôpital de Fann, là où se trouve le petit bâtiment des urgences. Il avait un cas plus compliqué avec un malade déjà interné. Nous étions obligés de prendre notre mal en patience. Les accompagnants commençaient à perdre patience. Les critiques et reproches étaient lâchés. Je calmais les nerfs des accompagnants. Je disais que le neurologue était seul pour plusieurs malades alors que chaque accompagnant, chaque parent n’était concerné que par son propre malade.
La salle des urgences ne pouvait pas prendre plus de trois patients, un maximum de quatre peut-être mais pas plus.
Vous aurez constaté que les lenteurs administratives, l’absence d’orientations précises, de guides mieux informés du site, des procédures, faisaient des démarches un véritable labyrinthe, un casse-tête. Remplir tout à la satisfaction relevait de prouesses inestimables. Faute de moyens certains malades demandaient de l’aide pour acheter des médicaments prescrits ou effectuer des analyses. Comme preuves, les bulletins ou les ordonnances étaient exhibés.
Pendant l’attente, la Fondation Servir Le Sénégal de Madame Marième Faye Sall, distribua dans l’Hôpital, des aliments composés de sandwiches, de sachets de café, de beurre, de lait, de fromage, des gobelets et de sucre aux accompagnants. Un beau geste à saluer comme pour ces jeunes le faisant sur les routes au bénéfice des automobilistes coincés dans la circulation éprouvante ause de l’indiscipline de certains d’entre eux. . Un grand merci à la Première Dame et à tous ceux qui œuvrent dans cette distribution de nourriture en ce mois béni de Ramadan.
Le neurologue finit par arriver. Il me parla ainsi qu’à la maman et le fit avec son patient. Une deuxieme ordonnance pour des médicaments à acheter et la décision de le garder pour un examen plus approfondi. Toute la famille a tenu à rester jusqu’à son transfert dans le bâtiment des hospitalisations au moyen d’une ambulance attendue pas trop longtemps.
Le but est d’attirer l’attention sur les difficultés des malades, qui au-delà de leurs maux, de leurs souffrances sont obligés d’endurer l’absence d’infrastructures adéquates d’accueil, la célérité des soins, l’exiguïté des locaux, le manque de lits, de matelas, de draps… Un seul médecin pour un bâtiment complet en neurologie, la nuit, l’obligation pour lui de faire la navette parfois sans véhicule de liaison…Des malades ont été contraints de rentrer faute d’ argent et que feront-ils si une fois rentrés, ils ne trouvaient pas toujours les moyens requis? Je sais que si les moyens avaient été disponibles à Yeumbeul, pour le malade concerné, l’envoi par Orange Money, wave aurait été fait sans qu’il n’ait eu besoin de rentrer pour ensuite revenir le lendemain ou un autre jour. Malgré notre générosité et notre bonne volonté nous ne pouvions pas régler les problemes de frais de tous ces nécessiteux. Je crois que la notion de l’action sociale du ministère de la santé devrait être accentuée. Je ne l’ai point sentie face à cette condition sine qua non d’accès aux soins.
La journée d’hier au sein des patients, des médecins, des infirmiers faisant face aux insuffisantes ambulances, aux fauteuils roulants à multiplier impérativement en nombre au vu des arrivées, la nécessité vitale de l’érection des toilettes plus adaptées aux besoins des malades, des handicapés, déjà, obligés à se déplacer sur des chaises, a été très longue et si pénible que je ressentais plusieurs douleurs au corps. Je repartis avec beaucoup de questions dans la tête, une grande compassion pour l’énorme nombre des démunis obligés de se rendre à l’hopital ou d’y acheminer un parent malade.
Cole promis, je n’ai pas pu écrire hier nuit, je le fais aujourd’hui à l’attention de nos autorités afin que des solutions soient trouvées. En effet, tous ces facteurs risquent d’aggraver le cas des malades, l’inquiétude des accompagnants démunis, l’efficacité de nos jeunes médecins aigris devant tant de manquements, des infirmiers et infirmières travaillant sans enthousiasme. Messieurs, un peu plus d’efforts pour une meilleure santé.
Amadou Dia
Consultant en Opérations Portuaires,
Transport & Logistique.