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LES TENTATIVES DE LA MISE À MORT POLITIQUE DE L’OPPOSANT OUSMANE SONKO OU LE DESTIN DU FUTUR CINQUIÈME PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE

Les tentatives acharnées pour la mise à l’écart d’Ousmane Sonko en ont fait un candidat sérieux des prochaines élections présidentielles de 2024. Au finish ceux qui détiennent le pouvoir ont créé et renforcé le futur Président de la République, Ousmane Sonko.
A force de vouloir l’enfoncer, vaille que vaille, ils le tirent vers le sommet. Des canaux des eaux nauséabondes d’injures, d’accusations difficiles à prouver, de leurs batailles d’opinions perdues, leur proie, Ousmane Sonko, se dirige inéluctablement vers le Palais de la République, en qualité de 5eme (cinquième) Président.
Oui, exit Idrissa Seck, fin homme politique, très intelligent et éloquent qui n’a pas su résister aux mirages du pouvoir qu’il aurait dû conquérir de haute facture. Malheureusement, le fait d’avoir accepté d’être coopté par son adversaire Macky Sall, l’a enterré au même titre que ses ambitions. Il ne s’en relèvera plus jamais malgré ses chances en 2019.
Le désormais numéro trois des élections présidentielles de 2019, Ousmane Sonko, avec 15,57% des suffrages exprimés est assuré de récupérer les 4,7% du PUR, ancré dans l’opposition et en conflit avec le régime en place. Il n’y a aucun doute que Thiès, l’ancienne chasse gardée du Président Idrissa Seck a volé en éclats car l’homme fort a perdu la mairie de cette légendaire ville du refus au bénéfice de Sonko.
Les dernières élections législatives de 2022, malgré l’élimination de sa liste au bénéfice de ses suppléants, ont permis un équilibre des forces à l’Assemblée nationale avec une majorité quasiment perdue par le pouvoir pour la première fois de l’histoire politique du Sénégal.
Il est devenu le leader incontestable et incontesté de l’opposition sénégalaise malgré le silence coupable de certains opposants sur son sort. Silence coupable parce que les armes utilisées contre cet homme sont loin d’être élégantes et conventionnelles, ceux qui s’opposent au régime ou déclarent le faire préfèrent afficher une neutralité de circonstance. Dans quel but ?
Le régime au pouvoir sait que le filtre du parrainage ne saurait le mettre hors de course. Son passage dans l’administration semble empreint de zéro faute. L’homme était taxé d’être pieux à l’extrême et pas loin des barbus, il fallait, donc, tenter les questions de mœurs pour le discréditer aux yeux de l’opinion sénégalaise. Beaucoup d’argent semble être mis à disposition pour le discréditer et des coups impitoyables, en échange, distribués, à outrance, contre les réticents.
Les rapaces, les oiseaux de proie de la presse et de la communication profitent de cette situation dont ils ne mesurent ni les enjeux ni les conséquences désastreuses pour notre jeune pays.
Aujourd’hui nous vaquons à nos affaires. Les élèves vont à l’école alors que les étudiants fréquentent les amphithéâtres en toute quiétude. Les travailleurs se rendent tranquillement à leurs lieux de travail et rentrent sans aucun souci. Les malades externes vont paisiblement à leurs rendez-vous à l’hôpital où dans les cliniques. Les industries et les commerces tournent. Les musulmans et catholiques pieux vont dans les lieux de culte, sans arrière-pensée, pour prier et quérir la Miséricorde Divine.
Demain, tout pourrait basculer avec la décision d’user de la force pour arrêter cet opposant ô combien encombrant !
Nous risquons de passer allègrement de la paix à la tension avec des blessés et même des morts. Que Dieu nous en préserve mais une telle situation n’est pas à exclure avec les positions figées des deux camps opposés et prêts à en découdre. Le feu n’est pas trop loin des poudres.
La logique du régime d’écarter des candidats le poussera à vouloir continuer dans ce sens, surtout avec Ousmane Sonko, seul candidat sérieux capable de le battre dès le premier tour. Celui-ci a tiré les enseignements de l’élimination, par voie judiciaire, de Karim Wade et Khalifa Sall malgré tout ce qui a été dit par le comité des Droits de l’homme des Nations-Unies pour le premier et la Cour de la CEDEAO pour le dernier. Le régime du Président Macky Sall a fait la sourde oreille sur le rejet du parrainage par la CEDEAO. Le Président Macky Sall semble ne prendre que ce qui l’arrange dans les décisions des juridictions internationales en sa faveur et rejette le contraire. L’exemple de Banjul avec la CEDEAO pour chasser son homologue Yaya Jammeh de la Gambie est une illustration suffisante.
Pour Ousmane Sonko, il n’y a pas de traitement équitable possible. Tout conforte son appréhension. Il ne saurait y en avoir. Par conséquent, Il lui faut résister et se battre. La jeunesse qui croit en lui est prête à l’aider.
Les dangers de confrontation sont bien réels, hélas. Le régime a dégarni sa garde rapprochée, mis aux arrêts ses militants, des membres de la société civile, un journaliste et des artistes qui dénonçaient la politique, en cours, jugée, de plus en plus, totalitaire. La détermination des gouvernants est grande. Le recul quasi impossible tel un camion sans frein descendant une pente. La machine judiciaire a été lancée à tel point que seul un procès en matière criminelle saurait l’arrêter. Lorsque le Président déclare qu’un dossier n’est pas à son niveau cela veut dire qu’il n’y a pas encore de condamnation afin qu’il accorde la grâce présidentielle comme ce fut le cas pour Karim Wade et Khalifa Sall. Une autre manière d’écraser historiquement un adversaire politique. La grâce après la condamnation même pour des faits fallacieux, tirés par les cheveux, cousus de fil blanc.
Le pouvoir est déterminé à le faire juger, coûte que coûte, pour des crimes, viols et menaces de mort. Pour cela le dossier n’a pas été classé à l’étape de la gendarmerie. Il a progressé chez le juge d’instruction pour atterrir sur un renvoi devant la Chambre criminelle. Un non-lieu, au niveau du juge d’instruction, aurait fait jubiler Sonko et ses partisans. Nous imaginons la liesse populaire. Ceci était inacceptable pour le pouvoir qui s’est totalement investi dans ce dossier. Pour preuve, tous ceux qui sont au pouvoir ont voulu enfoncer Sonko. Une certaine presse ou journalistes individuels ont été sollicités et mis en selle. Le tonitruant avocat de la partie civile a envahi tous les plateaux de télévision pour porter l’affaire hors du tribunal et du cabinet du juge.
Force est de reconnaître que depuis sa radiation de la Fonction Publique, en passant par l’éclatement de cette sordide affaire occasionnant la levée de son immunité parlementaire, Ousmane Sonko a rapidement progressé, en témoignent sa troisième place aux élections présidentielles de 2019 et à son élection en tant que maire de Ziguinchor en 2022 devant des ténors du régime, mieux sa liste de suppléants a remporté des mairies importantes incluant celle de la ville de Dakar tant convoitée.
La grossesse du régime de Macky Sall a accouché d’un Ousmane Sonko qui sera son héritier en 2024.
Ceux qui doivent tout à l’accession du Président Macky Sall au pouvoir sont dans leur logique à vouloir préserver leurs avantages à tout prix, quitte à ternir, à jamais, la vie d’un homme et sa famille, à causer du tort profond à ses militants. Peu importe pour eux si les espoirs du peuple, d’une jeunesse risquent d’être brisés. Peu importe que la stabilité du pays soit menacée. Des morts, des blessés, ils n’en ont cure. L’essentiel c’est le maintien de leurs avantages, de leur train de vie, de leurs gains, de leurs profits quitte à garantir un troisième mandat à l’issue d’une troisième candidature pour une élection présidentielle sans Ousmane Sonko. Il serait même possible de les envisager sans Karim Wade et Khalifa Sall. Leurs cas seraient suspendus au bon désir du Président Macky Sall qui pourrait activer, un jour incertain, ses députés pour une loi d’amnistie. Ce qui pousse, peut-être, le PDS et certains socialistes, hormis Barthélémy Dias, à laisser progresser la mise à mort politique d’Ousmane Sonko. Au même moment, les autres opposants jugés « modérés » ou auto-déclarés « non-alignés » se frottent les mains pour leur chance inespérée que serait l’absence de celui qui contrôle la quasi-totalité de la jeunesse du pays et les ressortissants de la diaspora, il s’agit bien évidemment de l’opposant teigneux Ousmane Sonko.

Amadou DIA
Consultant en Opérations Portuaires, Transports et Logistique