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Tribune culture au viol Adji-Sonko

La lutte pour les droits des femmes au Sénégal, demeure un combat certes sans
fin, mais pour lequel nous ne nous dérobons à aucun moment.
Au niveau international, le Sénégal est signataire de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et son protocole facultatif. Au niveau africain, le Sénégal fait partie des Etats signataires du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des
femmes en Afrique dit Protocole de Maputo.
La constitution et les lois du Sénégal garantissent l’égalité entre les femmes et les hommes. Arriver à la pénalisation du viol en 2019 a été un combat porté par toutes les forces vives, organisations féminines et féministes de ce pays.Les hommes et les femmes leaders qui prétendent occuper des postes de responsabilité sont et seront
garant.e.s du strict respect de ces conventions et lois qui garantissent les droits et la dignité des populations. Mais dans la pratique, qu’est-ce que cela donne? L’affaire opposant Adji Sarr à Ousmane Sonko et qui défraie la chronique depuis deux longues années, nous pousse à nous interroger.
L’audience du lundi 22 Mai qui a eu lieu en l’absence de Ousmane Sonko, en est une parfaite illustration. Pendant que Ndeye Khady Ndiaye, une des parties prenantes du procès malgré son état de grossesse avancé s’est présentée, Ousmane Sonko non content de n’avoir daigné se rendre au tribunal, dans l’une des prises de parole
problématiques, a tenu despropos intolérables ce mercredi 25 au soir.En effet, le leader si dans sa version en français s’en est abstenu, en wolof, il dit bien ceci “ si je devais violer, cela ne serait certainement pas une “danguiin bou AVC” (une guenon victime d’un accident vasculaire cérébral).Au-delàde prouver un manque de culture notoire quant aux stéréotypes racistes et sexistes, cespropos viennent renforcer et
normaliser la culture du viol et sont indignes d’un homme qui aspire à la plus haute fonction dans notre pays. Si une femme sur trois (1/3) est victime de violences et d’abus de tout genre dont sexuels, seule une femme sur quatre (1/4) oseentamer une procédure judiciaire pour demander réparation. Les survivantes font déjà face à beaucoup
d’obstacles : la lourdeur des procédures, la prise en charge sans appuis de leurs traumatismes, la rareté des maisons d’accueil pour ne citer que ceux-là.
Les propos d’un leader suivi et adulé par une population principalement composée de jeunes, devraient être plus constructifs et soucieux des survivantes et de son audimat et ne pas encourager ni promouvoir la banalisation d’un crime injustifiable et odieux et contre lequel des générations de femmes se sont battues et continuent de se battre.
Qui plus est à travers ses propos ses manquements sur plusieurs urgences et préoccupations des sénégalais.e.s. et des africain.e.s sont mis à nu. En effet, l’utilisation “Guenon/Singe” est un stéréotype misogynoire utilisé par les suprémacistes racistes. Utiliser un tel qualificatif sur une femme sénégalaise estdégradant et la pire insulte au
moment où des noir.e.s un peu partout dans le monde luttent contre les préjugés et les violences racistes.

Aussi, l’AVC est l’une des maladies neurologiques les plus fréquentes au Sénégal qui fait
des ravages au sein de la population par le coût humain, social et économique. Des
hommes et des femmes survivent aux prix de séquelles physiques et de handicap. Il fait
preuve d’un discours validiste qui renforce la stigmatisation de celles qui en souffrent au
lieu de proposer des solutions pour l’éradiquer.
Nous nous félicitons de la tenue du procès et saluons le courage et la résilience d’Adji
Sarr. Malgré l’ostracisme, la diabolisation et les menaces de mort, elle a tenu bon. Chaque
citoyen.ne mérite justice. Rien ne justifie le viol et nul ne peut se prévaloir de sa propre
turpitude.
Nous appelons toutes les organisations de défense des droits des femmes et les leaders
d’opinion à condamner ces propos déshumanisants et insultants envers les femmes.
Les droits des femmes sont des droits humains inaliénables. Œuvrons à leur défense !
Signataires

Réseau des féministes du Sénégal RFS

Collectif des féministes du Sénégal

JGEN

WarkhaTV

JigeenRek Louga

Collectif Jama
Absa Gassama, Enseignante Chercheuse

Ndeye Fatou Kane, Féminise, Doctorante

Dre Selly Ba, Féministe, Sociologue

Fatou Warkha Sambe, Journaliste-co-cordinatrice du RFS,

Coumba Ba, Féministe

Dre Ndeye Khady Babou Co-coordinatrice du RFS

Mamyto Nakamura, réalisatrice, présidente de JigeenRek Louga

Amina Seck auteure, Scénariste

Eva Rassoul, Journaliste, communicante

Fatimata Diallo Professeure, Autrice
Astou fall Gueye, Enseignante-Chercheuse

Dieynaba Famanta, Communicante

Adama Pouye, Féministe, médiathécaire et communicante

Aicha Manga, Féministe, défenseure des droits humains

Sabé Wane, Juriste

Wasso Tounkara, Féministe, formatrice en activisme créative

Awa Seck, Designer, Présidente GANAI

Dieynaba Diémé , Juriste, Institut Féministe Africain

Woppa Diallo, Juriste spécialiste des droits humains, Genre et Education

Tamara Dieng, Féministe Auto-entrepreneure, institut féministe Africain

Ngoné Sarr, Bajenu Gox

Marième Faye, féministe, Artiste-commédienne

Marina Kabou, Juriste, Collectif Dafa doy

Ndeye Yacine Faye, Communicante, défenseure des droits des femmes

Edith Dibor Faye, Féministe

Seynabou Sy Ndiaye, Féministe, Sociologue

Maimouna Siby, Féministe, Défenseure des droits des femmes et des enfants

Khaita Sylla, féministe

Zipporah Ndione, juriste, Féministe

Odome Angone, Enseignante-chercheuse

Abdoul Gaye, Ingénieur

Aminata Libain Mbengue, Féministe radicale

Khadija Tida Dansokho, Enseignante

Kaya Sy, coordinatrice plaidoyer, Féministe

Laïty Fary Ndiaye, Sociologue, co-fondatrice du collectif Jama

FatouKiné Diouf, designer, co-fondatrice du collectif Jama

Maimouna Astou Yade, Féministe radicale, Directrice de JGEN


Amy Sakho, Juriste-Féministe


Gnylane Thiam, Cheffe d’entreprise


Dr Absa GASSAMA Enseignante Chercheure, féministe