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RDC: à Bunia, les jeunes s’organisent contre les violences intercommunautaires

En RDC, un policier a été tué à Bunia par des déplacés et un ministre a été menacé de lynchage. Après des mois de massacres en Ituri, les incidents à caractère ethnique tendent à se multiplient. Selon les éléments d’informations recueillis par RFI, le policier, un capitaine, a été lapidé alors qu’il assurait la sécurité du ministre provincial des Travaux publics, un représentant de la communauté lendu, accusée par les déplacés Hemas d’être derrière les massacres qui touchent leur communauté depuis la mi-décembre. A Bunia, des groupes de jeunes Hemas patrouillent la nuit.

Quartier Saio à Bunia. C’est l’un des quartiers les plus bouillants de la ville. Ici, depuis plus d’une semaine, certains jeunes passent la nuit hors de leurs maisons. Ils patrouillent. Timothée fait partie de ces jeunes : « Nous avons peur. A tout moment, les milices peuvent entrer ».

Ces rondes nocturnes ont débuté depuis que les violences se sont rapprochées de la ville : « Aux alentours de Bunia, il y a des tueries. Ce qui fait peur, c’est depuis qu’on a brûlé les villages à peu près 12 à 15 kilomètres ».

Mis au repos la veille, Selemani, 27 ans, regagnera l’équipe de la patrouille cette nuit : « Je suis dans une maison où il y a à peu près quatre ou cinq jeunes». Et ils font un tour nous explique t-il. « Les deux vont partir, ils vont passer la nuit. Le lendemain, les deux-là, vont passer la nuit à l’extérieur et les deux (premiers) passent la nuit dans la maison ».

Armés des gourdins et d’autres armes blanches, ils commencent chaque jour la ronde à 21 heures. Ils affirment qu’ils continueront ces patrouilles aussi longtemps que la police, disent-ils, ne sera pas assez visible dans ce quartier, surtout la nuit.

« Depuis que les jeunes ont commencé à faire les patrouilles, on n’a jamais rencontré les policiers en train de faire des patrouilles. C’est ça le grand problème. Avant, on voyait quatre policiers qui passaient par les quartiers et faisaient des patrouilles ».

Le lundi de la semaine dernière, certains jeunes avaient défilé dans la ville en pleine journée. Certains armés de machettes et d’autres des bâtons. Ils disaient qu’ils ne laisseraient pas la ville tomber aux mains de ces assaillants que les officiels et l’ONU n’arrivent pas encore à nommer clairement.