MONNAIE : Les faux billets “MovieMoney” envahissent la France
Depuis quelques mois, les forces de police en France, ainsi que dans d’autres pays européens, alertent la population sur la prolifération de fausses coupures en euro destinées, en théorie, à être utilisées comme accessoires lors de tournage pour le cinéma ou la télévision. Mais ces billets baptisés « MovieMoney » ont franchi la ligne séparant la fiction de la réalité pour se retrouver dans nos poches et porte-monnaie.
Ce phénomène semble même prendre de l’ampleur dans l’Hexagone, à l’aune des nombreux messages postés sur les réseaux sociaux par les brigades de gendarmerie ou les unités de police du pays. Des telles affaires ont été également relayées par la presse locale.
La France n’est pas le seul pays européen confronté aux MovieMoney. Des mises en garde similaires ont été faites par les polices espagnole ou allemande. Ainsi, outre-Rhin, deux frères, ressortissants français, avaient tenté d’utiliser ces faux billets lors de la dernière « Oktoberfest » à Munich.
Comment les reconnaître ?
Premièrement, ces billets sont imprimés sur du « vulgaire » papier et non sur un support fiduciaire. Ainsi, au toucher, les MovieMoney sont aisément démasqués. Les éléments holographiques de sécurité sont, là-aussi, de vulgaires impressions.
De plus, plusieurs éléments graphiques avertissent du caractère fictif de ces coupures. Ainsi sur la tranche gauche est présente la mention « This is not legal. It is to be used for motion props » (N’a pas cours légal. Doit être utilisé comme accessoire de cinéma). Sur les « vrais » billets, de la dernière série baptisée « Europe », apparaît sous le drapeau la signature de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). Sur les faux, cette signature est remplacée par MovieMoney utilisant une police d’impression similaire. Enfin, un intrus s’invite dans le terme Euro normalement décliné dans les différents alphabets ayant cours dans l’Union européenne (latin, grec et cyrillique). « PRΩP » se substitue en effet au grec « EYPΩ ».
Les risques encourus
Trouver ces billets normalement destinés au divertissement, en soi, n’est pas un exercice des plus compliqués. Ici, il n’est pas question de machines cachées au vu et au su de tout le monde, il suffit d’empoigner son fidèle mulot et scruter le web pour partir à leur recherche. Après quelques clics, ces fameux MovieMoney sont aisément débusqués sur des plateformes de vente en ligne, comme eBay.
La responsable juridique internationale des Affaires Réglementaires de la firme américaine, Delphine Dauba-Pantanacce, que nous avons contactée nous a fait part de la position de la firme sur la question :
« Le rôle d’eBay consiste à mettre en relation les acheteurs et les vendeurs pour la vente de biens. L’activité et le succès d’eBay reposent sur la confiance, et toutes les activités illicites sont prohibées de la plateforme. Aussi, la vente de fausse monnaie, telle que les « Movie Money » , y est strictement interdite et les équipes d’eBay suppriment les annonces proposées par les vendeurs ne respectant pas la réglementation applicable. Nous invitons par ailleurs les utilisateurs d’eBay à nous signaler toute annonce ne respectant pas nos règlements en cliquant sur le lien « Signaler l’objet » sur l’annonce.«
Dont acte. Mais en la matière avant qu’une annonce soit signalée pour être retirée de la plateforme, il est toutefois possible de passer commande, d’autant plus que d’innombrables offres sont proposées, quelque soit la devise (euro, dollar, livre sterling, etc.)
Dans toute l’Union européenne, la vente et l’achat de ces billets dits récréatifs sont tout à fait légaux, comme le rappelle la police allemande du district de Basse-Franconie.
Par contre, les utiliser comme moyen de paiement est totalement proscrit et considéré comme un grave délit. L’article 442-1 du code pénal français stipule ainsi :
« Le transport, la mise en circulation ou la détention en vue de la mise en circulation des signes monétaires contrefaisants ou falsifiés mentionnés au premier alinéa de l’article 442-1 ou des signes monétaires irrégulièrement fabriqués mentionnés au deuxième alinéa de cet article sont punis de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende ».
En outre, peine et amende seront majorées (30 ans de réclusion criminelle et 450 000 euros) si les infractions constatées sont commises en bande organisée.