GUINÉE-BISSAU: l’heure du dépouillement des voix et des déclarations politiques
760 000 électeurs bissau-guinéens étaient appelés à élire leur président ce dimanche 29 décembre. Deux hommes se faisaient face dans les urnes, Domingos Simões Pereira et Umaro Sissoco Embalo. Les bureaux de vote ont fermé. L’heure est au dépouillement et à la compilation. D’ores et déjà, des déclarations politiques se font entendre.
Premières déclarations et premières accusations de la part d’Umaro Sissoco Embalo depuis Gabu dans l’est du pays où il a voté. Le candidat du Madem G15 a d’abord accusé le ministère de l’Intérieur d’avoir stocké des urnes remplies de bulletins en faveur de son rival. Le porte-parole lui a rapidement et sèchement répondu, en parlant de « mensonge », et en l’invitant avec son état-major à venir visiter les locaux quand il le souhaite.
Umaro Sissoco Embalo a également évoqué un enregistrement dans lequel on entendrait, dit-il, le président de la commission électorale se prononcer en faveur de son concurrent. Un mystérieux enregistrement qu’il promet de rendre public.
« Ce qui est regrettable, ce sont les enregistrements du président de la CNE dans son bureau – je les ai entendus sur les réseaux sociaux, a déclaré le candidat. Je veux dire au président de la commission que nous prenons note de ces déclarations. Il y a un enregistrement de 4 heures, qui sera publié dans les prochaines heures pour que les gens puissent évaluer la situation. »
Démenti dans la foulée de la porte-parole de la commission électorale, Felisberta Vaz lors d’un point presse sur la journée de vote. « La CNE profite de cette occasion pour réfuter des informations qui circulent sur les réseaux sociaux relatives à une tentative de fraude électorale. La Commission appelle la population à rester calme, sereine et vigilante face aux manipulations qui mettent en cause le processus électoral. »
Dépouillements en public
Des accusations alors que la journée de vote s’est déroulée dans le calme et s’est achevée par des dépouillements en public, sous l’œil des Bissau-Guinéens venus écouter les présidents de bureaux énoncer un à un le nom des candidats coché sur chaque bulletin, « DSP, Domingos Simoes Pereira » ou « Umaro Sissoco Embalo ».
Comme d’autres électeurs, Amadou Bamba suit le processus avec attention. « Ça fait très longtemps qu’on souffre et cette-fois, on espère que le prochaine président sera à la mesure de notre attente. » Kadiana Vieira, elle aussi, est venue assister au dépouillement. Elle n’a pas pu voter ce dimanche. « J’ai perdu ma carte d’électeur mais je participe à ma manière en étant ici. J’espère que mon candidat va gagner, et je suis impatiente d’avoir les résultats, pour pouvoir passer à une autre phase. »
Les opérations de dépouillement, comme le vote, se sont déroulés le plus souvent en plein air. Le chef de la mission d’observation de l’Union africaine, l’ancien Premier ministre de Sao Tomé Rafael Branco salue le civisme des électeurs. « On s’habitue à un comportement civique exemplaires des Bissau-Guinéens et on est très optimistes quant à la transparence du processus. »
Un bilan « satisfaisant » de la journée de vote
La cellule de suivi de la société civile avait déployé plus de 400 « moniteurs » sur le terrain. Elle a tiré un bilan satisfaisant de la journée de vote. « Le processus s’est bien passé, estime Lisa Tavares Pinto, présidente du Réseau paix et sécurité pour les femmes de l’espace Cédéao, l’une des organisations partenaires de la cellule. Il n’y a pas eu beaucoup d’incidents. »
Lisa Tavares Pinto salue par ailleurs d’une progression de la participation au cours de la journée. « Au début, il n’y avait pas beaucoup de participation mais nous, au niveau du réseau, à travers des radios, nous avons appelé les populations à aller voter et dans l’après-midi, il y avait plus de participation. Globalement, le bilan est satisfaisant. »
Il faudra maintenant patienter pour le taux de participation – une question importante en cette période de vacances et de fêtes de fin d’année – et pour la proclamation des résultats. La commission électorale donne rendez-vous le 1er janvier.
RFI