IBRAHIMA SENE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SARTORISEN :« Ma plus grande fierté , c’est le fait d’avoir créé des emplois »
Dans un entretien qu’ il nous accordé, le directeur général de SARTORISEN est revenu sur son parcours riche et de plein d’enseignement et de motivation.
Bonjour, présentez-vous ?
Bonjour, c’est Ibrahima Sène, Directeur Général de SARTORISEN.Merci de nous avoir accordé cet interview et on a un grand plaisir de pouvoir discuter avec vous.
Vous pouvez nous parler un peu de votre parcours ?
Je vous remercie de votre présence et aussi de nous permettre de parler de notre parcours. Dieu a fait que je suis très passionné par l’habillement. C’est à l’âge de 5 ans que j’ai commencé à choisir moi-même les habits que je portais. C’est ce qui m’a poussé à abandonner l’école en classe de CM2 pour pouvoir me consacrer entièrement à cette passion. C’est comme ça que j’ai intégré à l’âge de 12 ans un atelier sis à Pikine et de créer mon propre entreprise 4 ans après à force d’abnégation et de courage. Entre temps , j’ai intégré la société Ancor qu’avait crée mon grand frère Mame Adama paix à son âme en tant que directeur de production. Ensuite je suis parti en Italie du fait d’une histoire d’un italien qui voulait s’implanter au Sénégal et qui cherchait une main d’œuvre qualifiée. Il était très émerveillé par la qualité et la finition de mon travail avec le peu de moyens technologiques qu’on avait à cette époque. C’est ainsi que j’ai décidé de partir en Italie pour apprendre ce qui se faisait de meilleure dans le monde en terme de haute couture. Cette aventure m’a permis de bien me perfectionner même si j’avais laissé au Sénégal deux entreprises. La qualité de mon travail et le volume que je produisais à pousser mon patron Italien à me conseiller de créer mon propre entreprise et d’évoluer dans la sous traitance.
Pouvez-vous nous parler de la haute couture ?
La haute couture est un travail où la qualité, les détails et la finition sont des éléments très importants. Ça requiert de la concentration et un œil d’artiste. Ce qui permettra de toucher des milliers de personnes à travers le monde. Cette qualité de finition m’a permis de passer de 45 m² à 4500 m² du fait de la forte demande de mes produits. Cette croissance que j’ai eu en Italie à pousser certains de mes amis européens et même certains compatriotes à me demander d’implanter la même chose au Sénégal. Ceci coïncide avec l’appel du président pour le retour de la diaspora sénégalaise. Cela m’a convaincu de retourner au pays et d’apporter ma pierre à l’édifice. Mais après tout , cette ambition que j’avais et l’envi ferme de retourner au pays comme je l’ai dit tantôt, j’étais confronté à un problème , celui de proposer autre chose que des costumes que je confectionnais en Italie. C’est ainsi qu’on a commencé qu’après plusieurs réflexions et on a décidé de proposer quelque chose qui s’inspirer de nos cultures surtout en habillement en y apportant une touche occidentale. C’est comme ça qu’est né la TENUE AFRICAINE. Une création qui a d’ailleurs réglé le problème qu’avait nos tailleurs qui étaient confrontés à des difficultés de débauchés de fait de la présence des chinois, des indiens et des turques. C’est donc avec la création TENUE AFRICAINE qu’on a réussi à sauver tout un secteur avec la création de plus de 60 000 emplois ce qui est vraiment une véritable prouesse.
Ca nous pousse M. Sène à parler de l’émigration des jeunes. Quelle forme d’immigration proposez-vous ?
C’est une question qui m’intéresse et que j’ai toujours voulu aborder vu les enjeux. Vous savez en parlant d’histoire, tous les pays développés sont passés par l’immigration. Donc c’est un phénomène qu’on ne peut pas occulter. Pour moi la meilleure solution, c’est l’immigration réglementée. C’est à nos gouvernants de chercher des partenariats bilatéraux pour trouver à nos jeunes des formations pour les transferts de technologies et de compétences. C’est pareil pour les accords que nous signons pour l’exploitation de nos ressources marines, minières, agricoles…. etc. Ce modèle permettra de formaliser l’immigration et de dissuader nos jeunes à prendre des chemins au risque de leur vie.
Vous avez évoqué la formation professionnelle comme solution à l’immigration. Que proposez-vous concrètement surtout dans le secteur que vous êtes qui est la haute couture ?
Pour moi, la formation doit être quelque chose de continue. On peut toujours offrir des plateformes, mais c’est au gens d’avoir cette curiosité de vouloir toujours se perfectionner, d’avoir cet envi d’apprendre autre chose, d’acquérir perpétuellement du savoir. On est dans un contexte très particulier qui est la COVID-19.
Comment vous avez fait pour faire face à la crise ?
Comme je le dis souvent le contexte COVID est très difficile avec beaucoup d’aspects négatifs mais qui révèle beaucoup d’opportunités surtout pour les africains. Ça nous a montré nos véritables faiblesses parce que les autres pays ou continents n’étaient plus en mesure de nous ravitailler pour certains produits. Vous savez en bon manager, j’essaie de voir des opportunités dans les difficultés. C’est ce qui nous a permis de se lancer dans la confection de masques parce que la demande était là. C’est ce qui nous a permis de souffler un peu et de continuer à payer le personnel malgré que le contexte était difficile.
On voit bien que vous avez de beaux locaux. Parlez- nous de vos réalisations qui vous ont rendu vraiment fier ?
Ma plus grande fierté c’est le fait d’avoir crée des emplois. Avec plus de 250 jeunes, je contribue à l’épanouissement des ménages sénégalais. Il y a aussi le fait que notre création DIASPORA soit copiée partout au Sénégal et même au-delà du fait de la qualité du produit. C’est une création qui va me permettre moi et mes confères tailleurs qui sont d’ailleurs des partenaires malgré qu’ils copient nos créations de s’accaparer de plus de 80% de part de marché du secteur d’habillement au Sénégal. On peut faire de telle sorte le MADE IN SENGAL soit une réalité partout dans le monde.
En parlant des tailleurs, est ce que vous avez une organisation ? Si oui est ce que ça marche comme vous l’aurez souhaité ?
Je suis vraiment désolé de le dire et je m’en excuse d’ailleurs mais l’organisation ne fonctionne pas. Mais quand on a constaté cette léthargie, on a essayé de mettre en place quelque chose qui comblera le vide de 20 organisations. A travers la création DIASPORA, on a donné du travail pratiquement à tous les tailleurs sénégalais. La tenue DIASPORA est visible dans la vitrine de tous les ateliers. Ce qui a permis de combler en partie le manque de leadership et de vision des dirigeants des organisations stylistes. Et on est entrain de travailler sur une innovation de taille qui permettra encore à mes sœurs et frères stylistes de gagner encore des parts de marchés. Le projet du cité de textile aussi est un projet extraordinaire qui va générer jusqu’à 500 000 emplois et donner des opportunités à beaucoup de sénégalais.
Parlez-nous des faits les plus marquants de votre parcours ?
Confectionner à 14 ans un costume m’a vraiment marqué. Cela a été une grande fierté pour moi. Le reste c’est très difficile à dire mais tout mon parcours m’a marqué. Pour résumer, si c’était à refaire je choisirai le même parcours, les mêmes erreurs parce que ça a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.
Le mot de la fin Mr SENE et le des conseils ?
Je conseille à toute personne de croire en elle, de faire en sorte de réveiller le génie qui dort en elle et c’est possible à force d’abnégation, de persévérance et de courage. Merci à vous.