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Secteur agricole dans la vallée du fleuve Sénégal, quel potentiel pour les jeunes?

Au Sénégal, le secteur de l’agriculture emploie environ 60 % de la population active. Mais attire-t-il les jeunes, particulièrement touchés par le chômage ? Dans la vallée du fleuve, les organisateurs de la première Foire internationale agricole du nord, organisée le week-end dernier sur le barrage de Diama, à la frontière mauritanienne, veulent y croire.

6 500 francs CFA, environ 10 euros le sac de 50 kilos d’oignons, tout sourire Fatou Fall vend la production de l’association des agriculteurs de Diama. Après une licence en gestion des entreprises à Saint-Louis, la jeune de femme de 28 ans est rentrée dans son village.

« Comme on est en période de chômage, la plupart des jeunes qui ont fait des études et n’ont pas encore trouvé de travail se sont tous retournés vers l’agriculture. On fait nos propres riz, on essaie de les vendre », explique Fatou Fall.

La terre, une valeur sûre

Dans la région, le secteur de la pêche reste un pilier de l’économie et la future exploitation du gaz et du pétrole suscite de l’espoir. Mais face à l’émigration clandestine des jeunes, la terre est une valeur sûre selon Mouhamadou Mustapha Diack, premier adjoint au maire de Diama.

« Pour nous c’est extrêmement important de sensibiliser les jeunes, surtout leur montrer qu’il faut faire confiance à la terre. Il faut rester au lieu de migrer. Il faut beaucoup d’accompagnement du côté de l’État pour que les jeunes puissent se trouver, pour que l’agriculture soit vraiment payante », soutient Mouhamadou Mustapha Diack.

Le secteur se modernise, et les formations s’adaptent. Mais cela n’a pas suffi pour retenir le fils de Papa Abdoulaye Fall, président d’un Groupement d’intérêt économique dans la commune rurale de Gandon, à une quinzaine de kilomètres au sud de Saint-Louis. « J’ai un fils qui a fait la formation sur les grandes cultures. Actuellement, il est en Italie. Un de ces quatre matin il me dit “je suis en train de travailler dans un champ”. Avant-hier il m’a demandé si l’on pouvait cultiver de l’ail au Sénégal. Je lui ai répondu “bien sûr, expérimentez-vous et préparez votre retour pour nous rejoindre sur le terrain”. Ici, il y a le soleil, l’eau. Peut-être que ce sont que les moyens techniques qu’il manque ! », dit Papa Abdoulaye Fall.

Le problème de l’accès au foncier

Le GIE emploie deux jeunes ouvriers agricoles, pour 50 000 francs CFA par mois (environ 76 euros). Ils s’apprêtent à se lancer dans la production de gombo, sur une partie des 10 hectares de terrain. Pour accroître les revenus et la productivité, il faudra des investissements, en matériel notamment.

Mais à l’ombre d’une tente, dans un champ voisin, Mamadou Diagne soulève la question de l’accès au foncier. « C’est la mairie qui m’a octroyé ce champ par délibération, mais ça pose problème parce qu’il y a des résultats qui s’obtiennent sur des générations. Alors que si on me retire la terre pour, je ne sais pas, en faire autre chose, si l’on pouvait nous donner des baux, on pourrait s’installer lourdement et faire perdurer le travail sur plusieurs générations », expose-t-il.

Jeunes ou moins jeunes, dans l’immédiat le principal problème des petits exploitants agricoles de la région reste la commercialisation de la production.

RFI