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COUP DE FORCE AU SOUDAN: Le général al-Burhan annonce la dissolution des autorités de transition

Des hommes armés ont arrêté, tôt ce lundi 25 octobre au matin, plusieurs dirigeants soudanais, dont le Premier ministre, après des semaines de tensions entre les autorités militaires et civiles de transition. Suivez en direct l’évolution de la situation.

• Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan a annoncé la dissolution des autorités de transition et décrète l’état d’urgence.

• Tôt ce matin, l’armée soudanaise a arrêté plusieurs dirigeants civils de la transition dont le Premier ministre Abdalla Hamdok.

• Depuis l’aube, de nombreux manifestants sont dans les rues de Khartoum alors que les syndicats appellent à de la désobéissance civile. L’armée a tiré « à balles réelles » sur des protestataires devant les quartiers généraux de l’armée en fin de matinée.

• La communauté internationale se dit inquiète suite au « coup d’État ».

Pour le récapitulatif des événements, nous utilisons les heures françaises (TU+2).

13h44: Parmi les slogans scandés par la foule, on peut entendre : « Les révolutionnaires libres continueront la lutte », « notre révolution est pacifique et le restera » ou encore « ce ne sont pas les balles qui tuent mais le silence imposé au peuple ».

Figure du soulèvement contre al-Bachir, le docteur al-Assam Nagy de l’Association des professionnels soudanais appelle toutes les organisations civiles, comités de résistance et associations à descendre dans les rues contre le coup.

13h03 : Le président français Emmanuel Macron condamne et appelle « au respect de l’intégrité du Premier ministre ». « J’exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais et appelle à la libération immédiate et au respect de l’intégrité du Premier ministre et des dirigeants civils », a souligné le président français dans un tweet.

La France condamne avec la plus grande fermeté la tentative de coup d’État au Soudan. J’exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais et appelle à la libération immédiate et au respect de l’intégrité du Premier ministre et des dirigeants civils.

12h22 : La Commission européenne a appelé à la « libération rapide » des dirigeants civils du gouvernement du Soudan, dont le Premier ministre, arrêtés par les forces de sécurité, et réclamé un rétablissement « urgent » des communications dans le pays. « Nous appelons urgemment à ce que les moyens de communications ne soient pas entravés pour permettre de joindre ceux qui en ont besoin », a déclaré Nabila Massrali, une porte-parole de l’exécutif européen, ajoutant que « toute violence et bain de sang devaient être évités à tout prix ».

12h14 : Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan, qui dirigeait le Conseil de transition, annonce la dissolution du Conseil de ce Conseil ainsi que du gouvernement. Il déclare aussi qu’un état d’urgence est décrété dans l’ensemble du pays. Il ajoute enfin qu’un « gouvernement de personnes compétentes » va être formé. En bref, les militaires reprennent le contrôle, résume notre correspondant à Khartoum, Elliot Brachet. Le général a réitéré son attachement à « la transition vers un État civil » et promis de créer les nombreuses institutions étatiques, comme la Cour suprême, qui auraient dû voir le jour il y a plusieurs mois, selon le calendrier de transition acté après le renversement de l’autocrate Omar el-Béchir en 2019.

Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan (ici sur la chaîne de TV nationale) a dissous, lundi 25 octobre, les autorités de transition dont la quasi-totalité des membres civils sont déjà aux mains de l’armée.

Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan (ici sur la chaîne de TV nationale) a dissous, lundi 25 octobre, les autorités de transition dont la quasi-totalité des membres civils sont déjà aux mains de l’armée. © AFP

11h46 : L’Union africaine appelle à une « reprise immédiate » du dialogue entre civils et militaires. « Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a appris avec une profonde consternation la grave évolution de la situation au Soudan », affirme un communiqué de l’organisation panafricaine, en appelant à « la reprise immédiate des consultations entre civils et militaires » qui se partagent le pouvoir depuis 2019.

11h30 : La vice-présidente du parti Oumma, qui fait partie de la coalition du Conseil souverain, Maryam Sadeq al-Mahdi, confirme à RFI les arrestations de plusieurs ministres et de plusieurs responsables politiques civils y compris de son parti.

Les militaires doivent faire marche arrière en ce qui concerne le coup de force de ce matin. Je fais appel à eux pour qu’ils ne gâchent pas cette position honorable prise lorsqu’ils ont pris part pour le peuple soudanais et sa révolution glorieuse le 11 avril 2019. Je fais appel à eux pour qu’ils maintiennent leur position pour un partenariat politique avec les civils. Ce partenariat qu’on a convenu de renforcer. Tout rejet de leur part de cet accord fera face à une réaction du peuple soudanais dans toutes les régions. Ce peuple est déjà dans les rues pour refuser les arrestations. Je vois autour de moi les colonnes de fumée de tous les côtés, depuis tôt ce matin. Mes enfants sont tous dans la rue, à côtés de leurs frères et sœurs.

Maryam Sadeq al-Mahdi (Oumma): «Je vois autour de moi les colonnes de fumée de tous les côtés»

11h20 : L’armée tire sur des manifestants refusant le coup de force à Khartoum, selon le ministère de l’Information. L’armée a tiré « à balles réelles » sur des protestataires devant les quartiers généraux de l’armée, dans le centre de Khartoum, dont l’accès est bloqué par des blocs de béton et des soldats depuis plusieurs jours, a ajouté le ministère sur Facebook.

11h17 : Le bureau du Premier ministre soudanais Adballa Hamdok, aux mains de l’armée lundi matin, a appelé dans un communiqué diffusé par le ministère de l’Information à « manifester » contre « un coup d’État ». « Nous appelons la population soudanaise à protester par tous les moyens pacifiques possibles », indique le bureau.

10h57 : L’Allemagne condamne la tentative de coup de force, qui doit « cesser immédiatement » pour permettre la poursuite d’une « transition politique pacifique vers la démocratie », selon un communiqué du ministre des Affaires étrangères.

10h21 : La télévision d’État au Soudan a annoncé que le général Abdel Fattah al-Burhan, à la tête de la transition soudanaise, allait prendre la parole sous peu. Depuis une heure, cette télévision était prise d’assaut par des soldats à Omdourman, ville jumelle de Khartoum uniquement séparée par un pont sur le Nil. « Des employés sont retenus », selon le ministère de l’Information, alors qu’un long concert de musique traditionnelle est diffusé à l’antenne.

10h01 : Les arrestations des dirigeants civils au Soudan sont « inacceptables », a estimé l’émissaire de l’ONU au Soudan Volker Perthes, se disant « très inquiet des informations sur un coup d’État ». Vingt minutes auparavant, le secrétaire général de l’organisation panarabe, Ahmed Aboul Gheit, a fait part dans un communiqué de sa « profonde préoccupation face aux développements » au Soudan et appelé « toutes les parties à respecter » l’accord de partage du pouvoir de transition établi en 2019.

Des manifestants soudanais protestent contre la tentative de coup de force à Khartoum ce lundi 25 octobre 2021.

Des manifestants soudanais protestent contre la tentative de coup de force à Khartoum ce lundi 25 octobre 2021. AFP

9h45 : Les syndicats des médecins et des banques ont appelé ce lundi les Soudanais à la « désobéissance ». Deux heures plus tôt, l’Association des professionnels, l’un des fers de lance de la révolte qui a mis fin en 2019 à la dictature du président Omar el-Béchir, avait déjà appelé à la désobéissance civile à Khartoum alors que la capitale était plongée dans le chaos.

9h01 : Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a fait part sur Twitter de la grande préoccupation de l’Union européenne concernant l’évolution de la situation au Soudan.

8h29 : Des forces armées détiennent dans un lieu non identifié le Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, qui a été arrêté après avoir refusé de soutenir un « coup d’État », a rapporté le ministère de l’Information dans un communiqué.

8h27 : Les États-Unis se disent « inquiets » à la suite d’annonces de prise de pouvoir par des militaires. L’émissaire Jeffrey Feltman prévient que « tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l’aide américaine ».

7h27 : La plupart des ministres et les membres civils du Conseil de transition ont été arrêtés annonce le ministère de l’Information. Ces arrestations ont eu lieu à moins d’un mois de la date prévue de transmission du pouvoir des militaires aux civils.

6h04 : L’Internet est coupé selon des journalistes de l’AFP

6h00 :À l’annonce des arrestations, des manifestants se sont spontanément installés dans les rues de Khartoum pour protester, ils ont brûlé des pneus, coupé des routes et des ponts alors que la ville connaît un déploiement militaire renforcé. « Nous n’accepterons pas de régime militaire et nous sommes prêts à sacrifier nos vies pour la transition démocratique », a juré un des manifestants à l’AFP.

Retour sur les événements des derniers jours : Les civils avaient multiplié les mises en garde depuis plusieurs semaines « contre un coup d’État » fomenté par les militaires. Ces derniers jours, la tension était montée entre les camps des civils et des militaires. Le 16 octobre, indique l’AFP, des pro-armée ont planté leurs tentes devant le palais présidentiel où siègent les autorités de transition, partagées entre civils et militaires selon la transition qui devait s’achever en 2023. En réponse, le 21 octobre, des pro-civils sont descendus par dizaines de milliers dans les rues des différentes villes du pays, dans un joyeux festival pour, disaient-ils, « sauver » leur « révolution ». Depuis, le sit-in des pro-armée a débordé ailleurs dans Khartoum.

Le bloc civil, les Forces pour la liberté et le changement, qui a conduit les manifestations contre el-Béchir, s’est désormais scindé en deux factions qui s’opposent. L’armée et les forces sécuritaires, dirigées par d’anciens bras droits d’el-Béchir, ont multiplié les déclarations pour dire qu’ils ne peuvent pas remettre le pouvoir à des civils divisés entre eux. Jusqu’à présent, ce sont les militaires qui dirigeaient le Conseil souverain dont la présidence devait passer aux civils le 17 novembre.