Défaite probable de l’opposition lors des législatives
Les explications d’un avocat, membre du barreau du Québec
Je voudrais, d’emblée, solliciter votre indulgence face à ma prétention de décliner les raisons objectives pour lesquelles les acteurs de l’opposition vont perdre les prochaines élections législatives du 31 Juillet.
» Si c’était des élections législatives, je les aurais étirés « , Macky Sall
J’ai promis, en effet, à travers mon titre, de décliner les raisons d’une Inévitable défaite de l’opposition, tous partis confondus, et, pire encore, celle de toute coalition de partis. Cette promesse me semble précéder de la puissance de la lecture froide que je fais du mode de scrutin, mais également de la configuration politique. Pour rappel, méditons encore les propos du chef de l’Etat, commentant les résultats des élections locales, le Président Macky Sall, disait ceci : » Si c’était des élections législatives, je les aurais étirés » (c’est moi qui souligne). Pourquoi donc notre Président a-t-il fait une telle analyse électorale ? Je voudrais, à travers une lecture purement technique, qui s’efforce donc de gommer toute subjectivité, fondée en raison les propos du Président Macky Sall. Je parle de technique, car il faut bien comprendre les trois modes de scrutin : le mode de scrutin majoritaire à deux tours, celui-là même utilisé lors de l’élection présidentielle, qui veut que lorsque la compétition prend une tournure qui impose un second tour, car l’issue du premier tour aura indiqué qu’aucun des candidats n’a pu obtenir plus de 50 % des votes valides , il y ait donc un second tour pour départager les deux premiers qualifiés du premier tour. C’est ainsi qu’on procède pour ce qui est de l’élection pour la magistrature suprême. Dans la même rubrique, il existe une sous-catégorie, si l’on peut dire, qui est le mode de scrutin à la majorité a un seul tour, désigné aussi chez nous par la formule très expressive : » Raw Gaddu « . En d’autres termes, le candidat qui arrive le premier, peu importe le total de ses votes valides , que le pourcentage de ses votes soit supérieur ou inferieur a 50%, importe donc très peu, puisqu’il devient de fait le vainqueur des élections, même avec 1%, pourvu qu’il soit tout simplement en tête, donc premier. C’est exactement ce qui s’est passé lors des dernières élections locales. Notons seulement avec une pierre blanche. Le nœud de l’argument du Président Macky s’y trouve.
Une élection présidentielle est l’affaire d’une rencontre entre un Homme et un Peuple
A titre d’exemple concret : pour bien comprendre ce mode de scrutin a la majorité a un seul tour : s’il y a trois candidats dans une commune, celui qui arrive le premier avec 35% devant les deux autres, devient de fait le Gagnant, car il n’y aurait pas lieu de passer à un quelconque départage. Le dernier mode de scrutin est donc la proportionnelle. Cette fois-ci, les choses se corsent un peu, car il s’agit de totaliser les votes qu’on divise par le nombre de sièges à pourvoir, pour définir le quotien électoral. C’est précisément ce qui se passe pour les Assemblées d’ordinaire. Car il n’est pas pensable un seul instant qu’on organise une élection présidentielle avec le mode de scrutin à la proportionnelle. La raison est bien simple : une élection présidentielle est l’affaire d’une rencontre entre un Homme et un Peuple, donc son caractère individuel fait que la proportionnelle ne lui conviendrait pas. Pour mieux comprendre la proportionnelle comme dernier mode de scrutin donc, il faut méditer cet exemple : disons que nous avons 1000 votants et la proportionnelle prévoit qu’il faut avoir 150 votes valides pour avoir 1 siège de député. Un candidat qui arrive à obtenir 500 voix, aura bien donc 03 députés et 50 votes restants. Si un autre candidat a 200 voix électorales, alors il aura 1 député et un reste de 50. Ainsi donc, par cette technique du plus fort reste, le candidat qui parviendra à collectionner le plus grand nombre de votes restants mais qui n’a pas eu la chance d’avoir au moins un siège, sera désigné comme bénéficiaire du siège y afférant.
L’euphorie des locales devait laisser place à une analyse lucide du réel…
En analysant froidement donc cette proportionnelle comme mode de scrutin, j’en viens a la conclusion que l’euphorie des opposants au sortir des résultats des dernières élections locales aurait du céder la place à une analyse lucide du réel qui se dessinait sous leurs yeux. Le réel politique ou électoral était riche d’enseignements. Du fait que l’opposition avait gagné dans certains grands centres urbains où le degré de citoyenne et d’engagement politique est très prononcé, du fait d’une pratique assidue des réseaux sociaux et donc d’une communication politique plus efficace, il ne faudrait pas en tirer la conséquence que cette opposition est représentative de l’opinion nationale. Lors même qu’en définitive, dans les contrées les plus reculées se trouve un puissant vivier électoral, qui s’active soudainement, loin des feux de la rampe, et des réseaux sociaux. Même si je concède volontiers que ces réseaux sociaux, au-delà de tout ce que l’on peut en dire, participent de la dynamisation de la citoyenneté ; qui est de fait plus active grâce à eux. En sorte que, si l’on comprend bien cette proportionnelle, dans sa dimension intrinsèque, on devrait en arriver à cette conclusion : le fait que quelques petits départements aient été remportés par l’opposition peut donner lieu à cette interprétation faite par les opposants : qu’ils sont fortement majoritaires dans ce pays. Une telle lecture est on ne peut plus naïve et fausse. C’est ainsi qu’apparait la raison principale de la déclaration du président de la République et sa pertinence. Même s’il n’a pas été compris, juste au lendemain de la proclamation des résultats des élections locales donc. On en est venu à oublier qu’il a été ministre de l’Intérieur, entre autres, et donc qu’il connait très bien la cartographie électorale, au détail près ! Qu’il ait donc dit, en commentant donc les résultats des locales, que si nous étions dans une élection présidentielle ou des élections législatives avec la majoritaire et la proportionnelle donc, il aurait gagné largement à tous les coups, se comprend parfaitement par sa maitrise des nuances et subtilités entres les différents modes de scrutin.
La défaite de l’opposition est déjà scellé
Monsieur le Président Macky Sall avait bien raison. Aujourd’hui sur les 46 Départements, si l’on utilise comme baromètre les résultats des dernières locales et l’on soustrait le nombre des Départements remportés par l’opposition, pour leur attribuer au meilleur des cas le nombre de sièges conférés par ces dits départements, cela ne déboucherait aucunement sur une quelconque majorité pour cette opposition à l’assemblée nationale. Pourquoi donc ? Simplement parce que comparativement au reste des départements, qui se trouve sous la houlette et le contrôle de BBY, la majorité présidentielle est sure de remporter les prochaines élections législatives. C’est là qu’apparait le caractère subtil inhérent à ce mode de scrutin. Au total, donc, la question de l’issue de ces élections législatives est une question sans objet : car la défaite de l’opposition est déjà scellée. Par une simple analyse technique du mode de scrutin. C’est pourquoi je me suis penché à ma prochaine contribution qui partira du dernier paragraphe de la dernière sortie du Professeur Ismaila Madior Fall, dans sa réponse à son collègue, le Professeur Mary Teuw Niane. Un tel paragraphe aura échappé à nos analystes politiques attitrés.
Me Baidy Mountakha MBAYE, avocat
Barreau de Québec/Section de Montréal
Maitrise en droit fiscal
DESS en Droit bancaire et financier Paris 1, Panthéon-Sorbonne
DEA en Droit des affaires de l’Université Paris 13, Villetaneuse
Certificats en droit de l’Université de Montréal, UDM
Initiateur du Mouvement AL-DIANA, (Ande Liguéye Diarinianté ci Nawlonté), membre CATB HLM de M. Cheikh Ahmed Tidiane BA, Coordonnateur Benno Book Yakaar à la Médina