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Tourisme : roue de secours et nouveau catalyseur économique mondial.

En 2019, début de covid 19, l’Afrique représentait le deuxième marché touristique du monde avec  70 millions de visiteurs internationaux sur le continent derrière l’Europe avec ses  550 millions de touristes ce qui donne aux vieux continent  51 % des flux mondiaux de voyageurs pour le loisir et la découverte.  Ainsi  l’Europe avec la France qui reçoit 80 millions  de visiteurs annuels reste de loin   la première destination touristique du  monde grâce  aux visiteurs venant d’Asie – avec la Chine – en premier. 
Le tourisme international affiche chaque année des résultats record : l’année 2000 avoisinait le seuil des 700 millions d’arrivées, alors que ce chiffre n’était que de 25 millions en 1950 et de 285 millions en 1980. Aujourd’hui en 2022 les prévisions de l’OMT dépassent la  barre  de 1,400 milliards de visiteurs internationaux dans le monde. 
Le transport aérien, l’hôtellerie, le lodging, la restauration etc.. Constituent les segments de la chaîne de  valeur voyage et tourisme.    
En termes d’emplois, le World Tourism and Travel Council estime que 231 millions de personnestravaillent en relation avec le tourisme dans le monde.
Avant l’arrêt brusque des voyages et de toute mobilité internationale  imposé par la pandémie à partir de 2019 , le tourisme a rapporté plus de  170 milliards de dollars américains au produit intérieur brut en Afrique répartis entre les grands pays destinataires que sont  le Maroc, l’Egypte, la Tunisie, l’Afrique du Sud, le Kenya etc..
 Notre pays qui pointe moins de 1 000 000 touristes annuels est handicapé par des infrastructures d’accueil trop limitées, l’érosion maritime le long des plages de la petite côte, les aménagements non contrôlés le long du littoral maritime, la parafiscalité onéreuse sur billets d’avion et une promotion touristique sans impact qui plombent tout un secteur qui fait aujourd’hui moins de 6% du PIB national. 
Le Sénégal est très loin de ce tourisme économique expansif, catalyseur de richesse et d’emplois pour l’économie nationale. Du reste, avec  tous les efforts publics déployés par les pouvoirs publics, notre pays ne compterait même pas 10 000 lits aux normes et standards de l’OMT.  On  ne peut même pas parler de patronat dans le secteur touristique même s’il existe   des réceptifs par ci et par la. 
Au Maroc  c’est  13 millions de visiteurs internationaux en moyenne, le secteur contribue à hauteur de 11 % au PIB du pays  et 20 % pour les  exportations des biens et services. Le tourisme marocain  réalise  plus de 5 milliards de dollars US  de recettes en devises étrangères  et assure 600 000 postes de travail  correspondant à 5 % de la population active du royaume. L’Egypte avec le hub de  Sharm El Sheik et les pyramides  accueille 16 000 000 de touristes en année pic. La   Tunisie avec un balnéaire très attractif  frôle les 10 000 000 de visiteurs annuels. 
Malheureusement le Sénégal n’arrive pas à profiter de cette manne extraordinaire de richesse et d’emplois que peut offrir un secteur où notre pays ne compte que des  d’atouts. Aujourd’hui le tourisme d’exploration et de découverte monte en puissance : le Cap Skirring, les chutes de Dindy ferlo et  les îles du Saloum , etc  ont tout pour  attirer des visiteurs, un pays comme l’Algérie a su capitaliser dans ce segment avec moins d’atouts que le Sénégal.  Le niveau du dollar US qui est  à son plus haut niveau en termes de  rapport de change  et la proximité de l’Amérique du Nord par vol direct devraient attirer autant d’américains noirs pour un recueil mémoriel  dans des sites comme Gorée. La Coupe d’Afrique et le nouveau statut de Sadio Mané , j’oublie pas le Joloff rice au patrimoine de l’Unesco doivent être les nouveaux fers de lance  d’un tourisme local et international florissant. J’entends même  plus parler de lancement officiel  de la saison touristique et de la sortie du KANKOURANG à M’Bour.  
Il est vrai que le pétrole et le gaz définiront   à partir de 2023 la nouvelle trajectoire économique du pays, cependant nous avons tout intérêt à diversifier nos économies dans le secteurs à très haute intensité de travail et de main d’œuvre capable d’absorber une bonne partie de notre jeunesse en quête d’insertion professionnelle et de revenus décents ; un secteur comme le tourisme est un catalyseur économique à portée de main  loin des tribulations dans les marchés internationaux des hydrocarbures sur lesquelles nous n’avons aucune maîtrise. Il est urgent de relancer notre secteur touristique. 
 
                                                           Moustapha DIAKHATÉ 
                                      Expert et Consultant en Infrastructure 
                                               Ex Cons Spécial Pr CESE