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PHARMACIE NATIONALE D’APPROVISIONNEMENT Les vraies raisons de la récurrence rupture stocks

Lors de la caravane des journalistes en santé et population dans la région de Diourbel, le Dr Mahmadane Lô, pharmacien chef de la Pharmacie régionale d’approvisionnement de Diourbel (Pra), estime que c’est la région la plus touchée par vente illicite de médicaments. A cet effet, il soutient que la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) se bat énormément contre cette concurrence illégale en plus d’autres aléas qui freinent son développement.Keur Serigne Bi à Dakar a toujours été un véritable problème pour les pharmacies. A Diourbel, c’est pareil où, à vrai dire, c’est la base de ce réseau de marché illicite de médicaments. Selon le Dr Mahmadane Lô, la Pna fait de son mieux pour approvisionner normalement les structures sanitaires afin d’éviter l’immersion des médicaments vendus illégalement. « Ici à Diourbel, nous sommes dans un contexte extrêmement difficile marqué par un marché illicite de médicaments. Et le cas de Touba est très souvent cité. Nous, en tant que Pna, ce que nous pouvons faire en termes de contribution pour la lutte contre ce trafic de faux médicaments, c’est de donner une alternative crédible aux patients en mettant à leur disposition des médicaments de qualité et à des prix accessibles pour qu’ils ne fassent pas recours à ce marché illicite.  C’est un marché difficile à combattre parce que ces gens qui s’adonnent à cette vente illicite de médicaments sont tellement ancrés dans la zone. Nous menons chaque jour des efforts pour venir à bout de ce fléau mais la pratique reste quand-même dans la région. La concurrence est très rude surtout avec les privés », a déclaré Dr Lô. A cet effet, il souligne qu’il faut aussi comprendre que ce sont les officines privées qui paient le lourd tribut dans cette concurrence illégale.

Par ailleurs, Dr Lô évoque la difficulté qu’ils ont avec la Couverture maladie universelle (Cmu). « Bien vrai qu’il y a des difficultés liées au contexte, nous parvenons tant bien que mal à maintenir l’activité, ici, à Diourbel. Nous ne recouvrons pas au préalable alors que nous donnons les médicaments pour venir récupérer notre argent après. Maintenant, avec les structures périphériques telles que les postes de santé et le centre de santé, on a parfois des tensions de trésorerie qui nous empêchent d’être à jour par rapport au recouvrement. Or la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Cmu) a besoin de ces recouvrements pour pérenniser l’activité », a-t-il expliqué. Avant de poursuivre : « Parce qu’elle achète elle-même ses médicaments pour revendre. Donc pour renouveler les stocks, il faut nécessairement que les facturations soient recouvrées afin que la Pna puisse avoir assez d’argent et de moyens pour renouveler les stocks. Or à ce niveau-là, on n’a connu quand-même quelques difficultés liées à un contexte qui est là et qui est observé par l’ensemble des acteurs de la santé. L’initiative de la Couverture maladie universelle en tant que telle est louable et salutaire, mais dans sa mise en œuvre, la Cmu est confrontée à un certain nombre de difficultés ».

Il souligne que c’est ce qui fait qu’actuellement la Pna a contracté énormément de créances auprès de ses points de prestation de service au point que par endroit même, l’initiative est en train de battre de l’aile parce que ses recouvrements n’ont pas suivi. Aujourd’hui, informe-t-il, certains postes, vu qu’après prestations ils ne rentreront pas dans leurs fonds, ils préfèrent renvoyer les malades au niveau de leurs structures supérieures à savoir les centres de santé. Et ces centres de santé par conséquent sont obligés de supporter toute cette charge et à la longue ça devient extrêmement lourd à supporter. La Cmu et Yeksina sont de bonnes initiatives de l’Etat qui ont un seul accès des populations aux soins. Et que par conséquent on doit les appuyer mais des mesures correctrices s’avèrent nécessaire pour la pérennisation de ces différentes initiatives, a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, il estime que du point de vue institutionnel, elles doivent être prises pour l’exonération de la procédure d’acquisition de certains médicaments. Parce que la Pna gère énormément d’articles et doit les rendre disponible dans tous le territoire national. « Et malgré tout, nous restons confrontés quand-même à des contraintes objectives. Sur la gamme des produits plus de 90 % sont importés et la Pna est soumise aux contraintes du code des marchés publics. En plus, il y a les aléas liés au commerce international avec la rupture des matières premières et la fluctuation du dollar. Tous ces facteurs conjugués viennent impactés dans le processus de sorte que parfois, nous avons des retards dans notre approvisionnement. Et pour pallier à ces problèmes on devrait exonérer certains produits des lourdeurs de procédures », conclut Dr Lô.

Samba DIAMANKA

(                                                                                                                                                                                                               Envoyé spécial à Diourbel)