MENACES À L’ENCONTRE DES JOURNALISTES : Le cas Babacar Fall, la goutte de trop(Par Aly Saleh)
Nous le savons tous, les faits sont sacrés et le commentaire est libre. C’est l’un des B.A-BA du journalisme. Mais en toute neutralité et sans idée préconçue, trouvez-vous normal qu’un journaliste, pour avoir fait son travail, se se fasse menacer et insulter?
Je suis persuadé que vous serez d’avis que de tels actes constituent un sacré coup à la liberté d’expression consacrée par la constitution du Sénégal.
Dans les grandes démocraties, les journalistes ne cachent pas leur appartenance et on ne doit pas laisser cette dictature rampante prospérer dans un pays comme le nôtre, car nul n’est au dessus de la loi.
Vous le savez déjà, suite au commentaire critique dans le journal parlé de 12 heures de Rfm ce mercredi, sur la dernière sortie du Chef de l’État traitant des revues de presse au Sénégal de théatralisation, le journaliste Babacar Fall est devenu en moins de 24 heures, la cible de toutes sortes d’attaques. Le directeur de la rédaction de Radio futurs médias a été menacé et insulté de tout bord à travers des appels téléphoniques, des audios et des posts sur les réseaux sociaux. Des associations de presse comme le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) et la Coordination des associations de Presse (Cap) et des membres de la société civile lui ont apporté leur soutien et leur solidarité. Ils ont même demandé aux autorités de mettre en place rapidement des mesures de protection en faveur du journaliste.
Et pourtant ce que les auteurs de ces actes reprochent au chroniqueur de Rfm, c’est juste d’avoir fait un commentaire qui est un genre journalistique reconnu et couramment utilisé dans la profession. Ce genres d’attaques qui, reconnaissons le, ont été d’une virulence inouïe, participe à la fragilisation du métier de journaliste.
Aujourd’hui, en tant que journaliste, je suis tout autant triste de constater, avec les millions de sénégalais, la volonté manifeste de tuer la liberté d’expression.
Et la question que lon devrait se poser c’est pourquoi la presse est dans le viseur de certains tenants du pouvoir? Et puis mérite-t-elle le sort qui lui est réservé? Je suis certain que vous répondrez pas la négative.
L’heure est grave, les acteurs de la presse ne sont plus en sécurité chez eux et la situation est inquiétante.
C’est aussi l’occasion d’inviter les professionnels des médias à faire preuve de sérénité et de professionnalisme dans le traitement de l’information avec équilibre et sans partie pris. Ayons la franchise de reconnaître que dans nos organes de presse, nous ne sommes pas exempts de tout reproche. Donc, nous devons nous attendre à ce que des foudres s’abattent sur nous.
Maintenant s’agissant des sujets délicats, il faut que la presse cesse d’avoir peur de donner son opinion si elle est basée sur les règles qui régissent la profession. La plupart des journalistes ne sont presque plus capables d’analyser, ils se contentent juste de porter la parole des autres, même si, quelques fois, celle-ci n’a aucune valeur.
Mon propos n’a rien d’un donneur de leçon, mais juste une invite même si le combat n’est pas uniquement celui de la presse.
Pour la route, je voudrais parapher mon jeune confrère Abdou Diouf Junior qui disait: « Babacar Fall aime la liberté du verbe et du ton. Son ennemi, ce n’est pas le camp des « cibles » du jour (MMA). Son ennemi, ce sont les actes qu’ils (ces cibles) ont posés. Que vous soyez du pouvoir ou de l’opposition, votre tour est déjà arrivé par le passé (rappelez-vous) ». Merci jeune frère pour cette réflexion que je partage.
Eh oui, on peut être sûr et certain que Babacar Fall reviendra encore et encore, tant qu’il aura un support de communication à sa portée pour répondre à ses détracteurs.
Aly Saleh journaliste/Chroniqueur