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TGI MBOUR : L’hôtel Parc Exotique réclame 5 millions à son ex-employée

Réceptionniste à l’hôtel Parc Exotique de Nguerigne depuis novembre 2022, Aissatou Dème Ndiaye a été attraite ce matin à l’audience des flagrants délits du tribunal de grande instance de Mbour. La direction de l’hôtel lui reproche d’avoir supprimé et effacé des données informatiques, des factures pro forma, des données et fichiers de réservation et des décharges, entre autres.

La réceptionniste de 28 ans, qui avait un contrat de travail à durée indéterminée (CDI) avait reçu une notification la mettant en chômage technique pour deux mois.

Selon Me Abou Abdoul Daff, qui défendait les intérêts de l’hôtel, la prévenue, dont l’état d’esprit le jour des faits était animé d’un sentiment de rancœur et de colère, a supprimé les fichiers.

Ce que réfute Aissatou Dème Ndiaye : « Je n’avais pas l’intention de nuire. J’ai effacé les données que j’avais moi-même mises dans l’ordinateur. C’est de ma propre initiative que j’ai créé le logiciel et toutes les données que j’y mettais étaient envoyées à mon supérieur. Ils ont en leur possession les données qu’ils me reprochent d’avoir effacées. »

Des débats d’audience, il est ressorti qu’avant sa mise en chômage technique, la prévenue s’était rendue, avec une de ses collègues, à l’inspection du travail pour se plaindre de leur situation au sein de l’hôtel. Elles avaient travaillé un an durant sans congé, sans augmentation de salaire.

Le procureur ainsi que la juge lui ont reproché le fait d’avoir effacé le contenu de l’ordinateur. Car, « même si on vous a causé du tort, vous ne pouvez plus avoir raison sur eux », selon le procureur.

Surtout que, selon Me Abou Abdoul Daff, « pendant ses heures de travail, tout ce qu’elle fait avec l’outil de travail appartient à l’entreprise. Ce n’est pas le contenant qui était visé, mais le contenu. Est-ce qu’au moment où elle effaçait les fichiers, elle avait informé son supérieur ? Les données n’ont pas été restaurées sur la base des données qu’elle envoyait à son supérieur ».

En effet, il aura fallu dépêcher, selon Me Daff, un informaticien pour récupérer les fichiers.

« Une prestation a été payée à hauteur de 1,9 million pour restaurer les données qui ne lui appartiennent nullement », assène Me Daff.

En tout état de cause, Me Daff estime que « l’infraction est matérielle et que tous les éléments sont requis pour entrer en voie de condamnation contre elle ».

Il a réclamé 5 millions en guise de dommage et intérêts. Le procureur, lui, a requis l’application de la loi.

Pour Maitres Abdoulaye Tall, Maguette Sène et Omar Sène le chômage technique de leur cliente était juste des représailles. La direction de l’hôtel ne lui pardonne pas de s’être plainte à l’inspection du travail.

« Le but cherché, c’est une condamnation pour avoir la latitude de licencier ma cliente. Avant qu’elle ne parte en chômage technique, elle a été remplacée. Celui qui a remarqué que les fichiers ont été effacés, c’est lui qui avait été embauché pour remplacer ma cliente », alors que l’hôtel avait brandi des raisons financières, peste Me Sène.

« Elle a supprimé des fichiers qu’elle a elle-même créés. Elle avait créé ce logiciel à l’insu de son employeur. En quoi a-t-elle fauté en le supprimant à l’insu de son employeur ? », demande Me Maguette Sène.

Selon lui, le but était de licencier son client ainsi que sa collègue Mariama Gaye.

Les avocats de la prévenue ont demandé la relaxe, ne serait-ce qu’au bénéfice du doute pour son intention. Ils ont demandé aussi que la partie civile soit déboutée de sa demande.

Aissatou Dème Ndiaye sera fixée sur son sort mardi prochain. Toutefois, le tribunal lui a accordé une liberté provisoire.