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Mozambique: Daniel Chapo investi président à Maputo sous haute tension

Au Mozambique, Daniel Chapo est devenu le cinquième président de la République. Il a été investi ce mercredi matin et prolonge ainsi le règne sans partage du Frelimo, parti au pouvoir depuis près de 50 ans. Son élection est toujours très contestée. L’investiture s’est d’ailleurs tenue dans un climat de tension inédit, puisque l’opposant Venancio Mondlane avait appelé à trois jours de grève nationale. Ce mercredi, au moins sept personnes sont mortes dans des manifestations, selon une ONG locale.

Sur la place de l’Indépendance, la main sur la Constitution, Daniel Chapo prête serment. « Moi, Daniel Francisco Chapo, je jure de respecter et de faire respecter la Constitution, d’assumer avec fidélité la charge de président de la République du Mozambique, de dédier toute mon énergie à la défense, la promotion et la consolidation de l’unité nationale, de la démocratie, et faire justice à tous les citoyens. »

À ses côtés, près de 2 500 invités. Aux alentours, des rues désertes. La police a bouclé le centre-ville de Maputo à plusieurs kilomètres à la ronde. Ce mercredi, sept personnes sont mortes dans des manifestations contre l’investiture du nouveau président, selon un décompte de l’ONG locale Plataforma Decide, qui a recensé ces décès dans la capitale Maputo et dans le nord, à Nampula.

Une minute de silence en début de discours

Daniel Chapo a décidé de commencer son discours par une minute de silence, un hommage aux victimes du cyclone Chido mais surtout aux personnes décédées au cours de ces trois mois de contestation électorale, accompagnées de grèves, blocages, incendies et vandalisme.

Depuis octobre, les violences post-électorales – qui ont évolué vers une contestation plus globale du pouvoir et des dysfonctionnements de l’État – ont fait plus de 300 morts, selon l’ONG Plataforma Decide.

« Ce geste, c’est pour nous souvenir de ceux qui, dans cette période, ont perdu la vie, ont été blessés ou ont subi des pertes irréparables. Et ce silence nous rappelle le poids de notre responsabilité. Le Mozambique est plus fort que n’importe quel défi, que n’importe quelle crise. Unis, nous sommes capables de surmonter les obstacles et de transformer notre douleur en prospérité », a encore déclaré le nouveau président.

Une cérémonie sous haute sécurité

Rappelant la crise traversée par l’État lusophone depuis les élections d’octobre, le président sortant Filipe Nyusi, qui ne pouvait se représenter, a appelé à la « réconciliation ». « Le Mozambique a besoin de paix et de réconciliation nationale », a-t-il lancé dans son ultime discours de chef de l’État.
La veille, le Haut-commissariat des droits de l’homme des Nations unies a appelé les forces de sécurité mozambicaines à éviter « un usage de la force non nécessaire et disproportionné ».

Seul deux présidents africains présents à l’investiture

Le président de l’Afrique du Sud voisine, Cyril Ramaphosa, était le seul chef d’État étranger présent à l’investiture avec celui de la Guinée-Bissau Umaro, Sissoco Embalo. Signe que Daniel Chapo, officiellement crédité de 65% des voix en dépit de nombreuses irrégularités, devra tenter une opération de relations publiques pour restaurer la stabilité dans le pays pauvre et inégalitaire.

L’opposition, menée par l’ancien parlementaire Venancio Mondlane, dénonce en effet une élection « volée » par le parti au pouvoir Frelimo, dont la victoire a été confirmée avant Noël par la plus haute cour du pays. L’opposant numéro un a appelé à des manifestations cette semaine, menaçant de les poursuivre encore longtemps.

RFI