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REJOTIC: Ismaïla Camara plaide pour un Fonds de soutien aux médias traitant de l’économie numérique  

 

Voici  l’Allocution du Président du Réseau des journalistes en TIC (REJOTIC),  Monsieur Ismaïla Camara  à l’occasion du quatrième forum de partage et d’échanges avec les journalistes sur les secteurs régulés par l’ARTP.

C’est un secret de Polichinelle, le digital est ancré dans la vie quotidienne des  africains. En attestent les dernières prévisions de l’étude TMT publiée par le cabinet Deloitte. Elle révèle que le marché africain des smartphones, qui compte 336 millions d’abonnés en 2016, va atteindre 660 millions d’abonnés en 2020. Quant aux utilisateurs de Facebook, ils dépassent les 100 000 millions. A cela s’ajoute les plateformes dédiées au e-commerce. Ce qui représente une véritable poule aux œufs d’or pour les entreprises des télécommunications.

De même, nombreux sont nos concitoyens qui ne cessent d’avoir recours aux différents services de banque mobile que leur proposent les différents opérateurs de téléphonie et/ou de transfert d’argent et de services qui ont pignon sur rue. Notre pays a pris la marche de cette révolution numérique qui s’est emparée de toutes les contrées de l’Afrique. Celle-ci a vu le jour en Afrique grâce à une innovation de taille, celle de MPesa, ce service de paiement par téléphone portable qui a vu le jour au Kenya et qui continue de faire des émules partout à travers le monde poussant même de grandes multinationales européennes à lancer leur banque mobile. Pour une première, le continent africain donne enfin le la, mène la cadence et fixe le tempo du digital dans ce sous-secteur bien particulier de l’économie numérique nonobstant un retard criant dans le domaine des infrastructures Télécoms. Qu’à cela ne tienne, avec le boom du téléphone mobile et le développement du 4G, les Africains ont su s’adapter à cette nouvelle donne pour répondre à une solution, ô combien importante, celle de la non bancarisation du tiers de la population du continent. C’est ce que l’économiste Alexander Gerschenkron appelle le « leapfrogging » ou le « saut de grenouille ». Sans conteste cette théorie est devenue une réalité sur le continent au regard des applications qui sont créées tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, pour régler un réel besoin des populations dans la santé, l’éducation, l’agriculture, l’environnement, les transports, entre autres secteurs d’activités.

Cette dynamique peut s’accélérer et avoir un impact sur nos économies nationales à condition de miser sur le capital humain qui est la colonne vertébrale de la création de valeur mais aussi et surtout un accélérateur de croissance. Dès lors, les pouvoirs publics devront créer un environnement propice à l’éclosion des jeunes talents en instaurant des cours d’éducation au numérique à partir du primaire. Cette démarche devra permettre aux élèves d’apprendre très tôt à coder afin d’appréhender le monde moderne. Je dois souligner que des structures étatiques, organisations privées et de bonnes volontés s’activent déjà dans ce domaine à leur manière. Mais, faudra-t-il l’institutionnaliser au niveau de nos écoles pour mieux outiller nos futures ressources humaines à « l’âge numérique ». C’est de cette façon que notre pays pourra suffisamment tirer profit des avantages du Big Data, cet « or du 21 ème siècle ». Car préparer les ressources humaines de demain, travailler sur les compétences, c’est faire en sorte que la donnée soit au rendez-vous « des relations avec le client » à l’ère de la publicité ciblée, par exemple, pour reprendre le PDG d’Atos, Thierry Breton.

Monsieur le Directeur général,

L’année 2018 a été celle de la consolidation des acquis de 2017 pour l’ARTP. Elle coïncide avec le lancement officiel des activités des 3 Fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Une aubaine pour les usagers du téléphone mobile même si on note une timide pénétration du marché local par ces nouveaux arrivants qui viennent s’ajouter aux opérateurs de téléphonie de la place. Pour ce faire, le REJOTIC embouche la même trompette que le chef de l’Etat qui, lors de la première édition du Forum du Numérique au mois de mars dernier, leur avait demandé de réduire les coûts d’accès à Internet.

Jadis un monopole des opérateurs de téléphonie, aujourd’hui l’accès aux codes USSD est devenu une réalité. Cette libéralisation inaugure une nouvelle ère dans le secteur des Télécoms puis qu’elle favorise l’essor des services mobiles innovants aux différents acteurs.

Désormais des opérateurs de téléphonie et les FAI qui ne pouvaient pas offrir à leurs abonnés de l’Internet Haut Débit et Très Haut Débit fixe et la TV sur ADSL sont en mesure de leur en proposer depuis plus de 2 mois. Et, cela est rendu possible grâce au dégroupage partiel de la boucle cuivre de l’opérateur historique. Pour autant, le REJOTIC estime que le régulateur doit aller plus loin en permettant à Tigo, Expresso, WAW SA, Africa Access et Arc Informatique de proposer la Triplay et le Quadrupleplay aux consommateurs sénégalais au même titre que la Sonatel. Une façon, pour nous, de baisser les coûts de ces offres de service et d’assurer une saine concurrence du marché des télécoms à l’âge de la convergence des contenus médias et des opérateurs de téléphonie.

Sous l’impulsion du Sénégal à travers l’ARTP, le protocole d’Abidjan sur le « Free Roaming » impacte 8 pays de nos jours. Cette prouesse est à mettre à votre compte avec toutes vos équipes. D’autant que le « Free Roaming » contribue à la réduction des tarifs d’itinérance internationale entre les membres signataires. Autant de réalisations notées cette année qui seront au centre de ce forum qui participe au renforcement de capacités des membres du REJOTIC.

Monsieur le Directeur général ;

On a coutume de dire jamais deux sans trois. J’ai envie de vous dire jamais trois sans quatre. Ce forum de partage et d’échanges, qui date de 2014, en est aujourd’hui à sa quatrième édition.

Cette rencontre, qui a toujours connu un franc succès, est une belle initiative. Elle mérite d’être soulignée au regard de l’importance des enjeux inhérents au secteur de l’économie numérique. D’ailleurs, en 2017, le secteur des TIC a contribué à hauteur de 5,1% dans le PIB. C’est ce qui ressort de la dernière étude de la direction de la prévision et des études économiques (DPEE). Ce qui représente 636,3 milliards de nos francs. Soit une croissance de 5%. Des résultats qui sont dus à une forte pénétration du mobile et de l’évènement de la 4G.

 

Monsieur Le Conseiller spécial du président de la République, coordonnateur de l’unité digitale de la présidence ; vous le savez sans doute, sans cadre juridique et réglementaire, ce secteur ne peut exister. C’est pourquoi, les membres du REJOTIC doivent davantage s’imprégner de ces questions relatives à la régulation pour aller au fond de leurs reportages, enquêtes, documentaires et autres dossiers sur l’actualité des Technologies de l’information et de la communication (TIC).

Intégration du REJOTIC  dans  le processus  de stratégie Sénégal Numérique 2025 et du nouveau code des communications électroniques.  

C’est pourquoi, je profite de cette occasion pour appeler à nouveau les pouvoirs publics à travailler avec le REJOTIC pour un meilleur traitement de la stratégie Sénégal Numérique 2025 et du nouveau code des communications électroniques. Cette approche didactique vise à  vulgariser ces textes d’une importance capitale pour le développement du secteur de l’économie numérique. Pour ce faire, il faut créer des cadres de rencontres pouvant permettre aux membres du REJOTIC de se familiariser avec ces documents qui orientent la vision stratégique du secteur du numérique. Pour moi, cela coule de source car c’est eux qui traitent de ces sujets dans leur rédaction respective. Cette démarche a tout son intérêt dans le débat qui a lieu actuellement sur l’article 27 du code des communications électroniques en ce sens que des acteurs craignent que la neutralité du Net ne soit un vieux souvenir au Sénégal.

plaidoyer pour  d’un Fonds de soutien aux médias traitant de l’économie numérique  

Je ne doute point de votre capacité à manager vos équipes qui abattent un travail de Titan depuis quelques années. C’est dire que vous avez compris votre mission qui fait face à de nouveaux enjeux et défis qui interpellent notre secteur. D’où l’importance de cette spécialisée constituée essentiellement par les membres du REJOTIC qui font un excellent travail à la radio, la télévision, la presse écrite et à la presse en ligne. C’est pourquoi, j’estime qu’un Fonds de soutien aux médias traitant de l’économie numérique doit être institué pour renforcer leur dynamisme et leur autonomie, seul gage d’un contenu de qualité pouvant permettre aux professionnels de l’information de jouer pleinement leur rôle dans un secteur en plein essor. Un Fonds qui proviendrait du Fonds de développement du service universel des télécommunications (FDSUT) Ainsi me reviennent ces mots d’Isaac Newton : « Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts ». J’ose dire qu’un pont relie l’ARTP au REJOTIC depuis août 2014 ici même à Saly. Et, c’est de bon augure pour le secteur que nous partageons.

Merci de votre aimable attention.