M. le président, ne cédez pas au chantage indécent de ces soi-disant alliés Banner
Le président, ce 24 février 2019, le peuple sénégalais a voté dans la sérénité. Le taux inédit de participation et la majorité qui vous a été accordée dès le premier tour traduisent une satisfaction face à votre bilan à la tête du pays au cours du premier septennat, mais également une volonté de vous voir continuer à inscrire notre pays dans la modernité économique et démocratique.
Mais, alors même que les résultats officiels n’avaient pas encore été proclamés par le Conseil constitutionnel, le Parti socialiste, prétendument votre allié, a rué dans les brancards pour réclamer plus de postes dans votre prochain gouvernement. Pareille attitude traduit un manque de respect pour nos institutions, un mépris pour les préoccupations de notre peuple et un chantage exercé contre vous à des fins d’extorsion de strapontins et de privilèges. Vous ne devez pas y céder. Le message électoral du 24 février est beaucoup trop sérieux. L’enjeu de l’heure est beaucoup plus transcendant. Le bal des charognards autour de la dépouille du Sénégal est devenu insupportable aux yeux d’une opinion publique de plus en plus exigeante.
Face au défi que votre réélection vous pose, vous ne devez-vous laisser ni intimider ni pris de vitesse. L’élection présidentielle dont nous sortons est, comme disait De Gaulle, la rencontre d’un homme avec son peuple. Ce n’est pas un scrutin de liste. C’est vous qui avez été élu sur la base de votre coefficient personnel, à partir de ce que vous avez déjà fait et au regard de l’espoir que vous suscitez.
Ces soi-disant alliés, qui ne sont en réalité alliés qu’à leurs intérêts propres, au point de chahuter la gravité du moment, n’ont jamais eu les faveurs du suffrage universel, en dépit de moult tentatives. En désespoir de cause, ils se sont rangés derrière vous. Ils sont autant de wagons accrochés à la locomotive Macky Sall pour pouvoir arriver à la station du pouvoir. Ce sont eux qui existent par vous, et non l’inverse. Après sept ans où vous leur avez donné plus qu’aux membres de votre propre parti, vous ne leur devez plus rien.
Et puis, M. le président, la solennité du moment vous invite à une réflexion sur ce que vous devez aux Sénégalais et sur la place que vous comptez occuper dans l’Histoire. Vous pouvez décider de rester un homme politique voire un politicien seulement soucieux de pouvoir, donc capable de tous les compromis voire compromissions pour en jouir avec tranquillité. Vous pouvez également choisir d’inscrire votre second mandat au service d’une seule priorité: faire les ruptures indispensables au progrès de ce pays. Cela passe par le refus de tout « partage du gâteau », par la nomination des Sénégalais les plus compétents, et par l’application de solutions rigoureuses aux problèmes du pays.
M. le président, vous ne devez pas faire moins bien que Paul Kagamé du Rwanda, Jakaya Kikwete de la Tanzanie et Abiy Ahmed de l’Ethiopie. Ces leaders qui forcent aujourd’hui le respect n’ont pas plus de patriotisme ni plus de compétence ni plus d’atouts pour réussir que vous. Le recul de notre pays, si stable et si riche en ressources humaines, est un scandale auquel vous devez mettre fin. Vos soi-disant alliés ont leurs calculs, ayez les vôtres. Brûlez d’un souci de patriotisme et d’un désir de postérité. Ce faisant, vous allez dépasser le début de la fin de Benno Bokk Yaakaar.
Yerim Seck