TENSION DE TRÉSORERIE ET AJUSTEMENT STRUCTUREL : Le Ministère des Finances et du Budget recadre Ousmane Sonko et Thierno Alassane Sall
Lors de sa conférence
de presse du mercredi 29 mai 2019, Monsieur Ousmane Sonko fait état d’un « trou
de 100 milliards dans le budget qui pourrait atteindre les 345 milliards »
tandis que Monsieur Thierno Alassane Sall affirme avec force dans une émission
d’une radio de la place du dimanche 02 juin 2019 que le Sénégal va vers un
ajustement structurel tout en s’aventurant dans des considérations budgétaires
dénuées de tout fondement.
Suite à ces allégations, le Ministère des Finances et du
Budget tient à rappeler des faits et des chiffres vérifiables au sein de ses
services techniques, dans les livres de la BCEAO et auprès d’institutions
internationales telles que le FMI.
La littérature économique n’est vraiment pas familière avec
la notion de « trou dans le budget » mais plutôt de moins-values de recettes
par rapport aux objectifs. Il est clair qu’il a été enregistré au premier
trimestre 2019 un ralentissement de l’activité économique dû à l’élection
présidentielle et qui s’est traduit par des moins-values de recettes
budgétaires de 18,7 milliards de FCFA puisque comparativement à l’objectif de
529,8 milliards de FCFA, les recettes budgétaires cumulées à fin mars 2019 se
sont chiffrées à 511,2 milliards de FCFA.
Les mesures d’amélioration de recettes retenues dans le cadre
du projet de Loi de Finances Rectificative (LFR) pour l’année 2019 permettent
de résorber cette moins-value, voire d’enregistrer une plus-value de recettes
en fin d’année en lieu et place « d’une projection de trou dans le budget de
345 milliards ».
Pour ce qui est des dépenses, sur les prévisions de la Loi de
Finances Initiale (LFI) 2019 d’un montant de 4 104 milliards de FCFA incluant
les reports de crédits de 2018 sur 2019, l’exécution a porté au premier
trimestre 2019 sur un montant de 1 217,6 milliards de FCFA, soit un taux
d’exécution de 29,7%.
S‘agissant de la situation de trésorerie, les disponibilités
vérifiables auprès de la BCEAO démontrent à suffisance que le Sénégal dispose
de capacités éprouvées pour payer à bonne date ses salaires, sa dette et
assurer l’exécution correcte des autres postes budgétaires du fonctionnement et
de l’investissement.
Cette capacité financière de l’Etat sera confortée, en tant
que de besoin, par le recours aux marchés financiers, conformément aux
autorisations données par l’Assemblée nationale.
Dans un tel contexte, parler d’ajustement structurel revient
à méconnaître les raisons économiques tendant à la mise en œuvre d’une telle
politique et portant sur un déséquilibre externe et un déséquilibre interne
ainsi qu’un endettement insoutenable.
Or, le Sénégal continue à aligner des taux de croissance
économique significatifs (plus de 6% successivement pendant 5 ans), une
diminution continue de son déficit budgétaire (objectif maintenu à 3% en 2019),
une faible inflation et une baisse du déficit du compte des transactions
courantes ; un profil de pays à faible risque de surendettement notamment,
grâce au faible coût de sa dette, à dominante concessionnelle, avec une
maturité moyenne élevée. Les récentes notations des Agences Moody’s et Standard
& Poor confirment l’excellente qualité de la signature du Sénégal.
Tels sont les faits et chiffres qui sont du reste reflétées
dans la toute prochaine Loi de Finances Rectificative qui sera soumise à
l’Assemblée nationale dans les semaines à venir.