FONCIER AU SÉNÉGAL : Les femmes n’ont pas accès à la terre malgré la Constitution
Infosdakar-L’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), en partenariat avec le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR), a organisé ce mardi à Dakar la restitution des résultats de l’étude base du Projet de Recherche-Action « Promotion d’une gouvernance foncière inclusive par une amélioration des droits fonciers des femmes au Sénégal ».
D’après une source, des enquêtes dans le cadre de la mise en œuvre de la première composante de ce projet appuyé techniquement et financièrement par le Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI) du Canada , ont été menées dans les trois communes d’intervention savoir à Darou Khoudoss, à Ross Béthio et à Toubacouta . En effet, « La constitution du 22 janvier 2001 stipule en son article 15 que l’homme et la femme ont le droit d’accéder à la possession et à la propriété de la terre dans des conditions déterminées par la loi », a déclaré Dr Fatou Ndiaye Dème, directrice de la famille et la protection des groupes vulnérables au ministère de la femme . Elle présidait la rencontre de restitution des résultats de l’étude base du Projet de Recherche-Action. la « Loi sur le domaine national de 1964 ne fait aucune discrimination en matière d’accès et de contrôle de la terre entre les hommes et les femmes. Cependant, si ces lois et règlements promeuvent au Sénégal un accès égal à la terre entre les hommes et les femmes, sur le terrain la réalité est tout autre » , a-t-elle précisé . Et d’ajouter que les femmes continuent de subir toutes sortes de discriminations qui les éloignent de cette ressource précieuse qu’est la terre, indispensable à leur autopromotion et au développement socio-économique de leur pays », a dénoncé la directrice de la famille et la protection des groupes vulnérables. A l’en croire, au Sénégal les femmes constituent une partie importante de la main d’œuvre dans les exploitations agricoles familiales. Malgré ce rôle, primordiale, leur accès aux facteurs de productions, notamment la terre se révèle être problématique dans la quasi-totalité des zones agro-écologiques du pays. Selon Dr Fatou, les femmes représentent 26% des responsables de parcelles l’agriculture mais ne détiennent que 13% de la superficie des terres en agriculture fluviale et la situation est pire en culture irriguée. La féminisation de la pauvreté au Sénégal semble être reliée en grade partie à la difficulté des femmes d’accéder aux ressources notamment la terre. En débit d’une absence incontestable de discrimination au niveau des textes juridiques, la pratique a révélé des difficultés d’accès des femmes à la terre du fait des pesanteurs socioculturelles. Quant au Dr Mme Oumoul Khaïry Coulibaly Tandian, coordonnatrice du projet, leur premier critère dans le choix des localités, reste l’accaparement des terres à grandes échelles. « Nous avons choisi des zones où l’accaparement était confirmé mais à Toubacouta où les risques sont de plus en plus grandissantes », a-t-elle expliqué.