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COVID 19 : L’intégralité du Discours de Macky Sall

Mes chers compatriotes, 

La situation liée à l’évolution dans notre pays de la  maladie à coronavirus (COVID-19), m’amène à  nouveau à m’adresser à vous.   Cette maladie, apparue en décembre 2019, est  devenue une pandémie ; c’est-à-dire une épidémie  à l’échelle mondiale. 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. A la date  d’aujourd’hui, le COVID-19 a envahi plus de 140  pays, dont le Sénégal.   Le nombre de personnes infectées s’élève à plus de  340 000.   A ce jour, le COVID-19 a tué plus de 15 000  personnes, plongeant des familles entières dans le  deuil et le désarroi.  Ce moment est inédit dans l’histoire de l’humanité.  Voilà que l’infiniment petit fait trembler le monde entier, de façon brutale, rapide et massive ;  ignorant les frontières ; frappant sans distinction  pays riches comme pays pauvres, et sans égard pour le statut social des uns et des autres.   Gouvernants et gouvernés, riches ou pauvres, personne n’est à l’abri du COVID-19.  Depuis trois mois, une véritable guerre mondiale  s’est déclenchée contre cet ennemi commun.  Notre pays n’est pas en reste.   Ce soir, mes pensées vont d’abord aux malades du  COVID-19. Je leur exprime toute mon affection et  mes vœux de prompt rétablissement.   J’encourage le Ministre de la Santé et de l’Action  sociale, et l’ensemble de ses équipes, dans la tâche  difficile qu’ils mènent de jour et de nuit.  Un personnel médical et paramédical dévoué est  au front d’une lutte sans merci contre le COVID-19,  pour notre salut.   A tous ces braves hommes et femmes, je  renouvelle mes remerciements et mon soutien  dans ce combat risqué contre un ennemi vicieux,  mortel et invisible à l’œil nu.   Je salue nos Forces de défense et de sécurité, ainsi  que toutes les bonnes volontés mobilisées dans la  lutte contre le COVID-19. 

J’exprime ma gratitude à toutes les forces vives de  la Nation. Classe politique, Majorité et Opposition  réunies, mouvements citoyens, partenaires  sociaux, secteur privé, guides religieux et coutumiers et citoyens, vous êtes nombreux à  soutenir l’élan national de riposte contre le COVID 19.

Depuis l’apparition du premier cas, le 2 mars  dernier, le Gouvernement a mis en place un plan de  contingentement en cours pour endiguer la  progression de la maladie.  Mais, de toute l’évidence, nous n’y sommes pas  encore parvenus.   Au contraire, d’un premier cas déclaré le 2 mars,  nous en sommes aujourd’hui à 71 malades sous  traitement dans les 4 arrondissements de Dakar,  ainsi qu’à Mbao, Yeumbeul, Guédiawaye, Rufisque,  Touba, Mbour, Thiès, Popenguine, Saint-Louis et  Ziguinchor.   1561 personnes en contact avec la maladie sont  présentement suivies et seront désormais  confinées dans des réceptifs hôteliers par le  Ministère de la Santé et de l’Action sociale. 

L’épidémie qui était confinée à un seul foyer s’est  étendue à d’autres localités du pays. C’est dire que  le virus gagne du terrain.   J’ajoute qu’à ce jour, il n’y a ni vaccin, ni  médicament homologué contre le COVID-19.   Ce soir, mes chers compatriotes, et je vous le dis  avec solennité, l’heure est grave.    La vitesse de progression de la maladie nous  impose de relever le niveau de la riposte. A défaut,  nous courons un sérieux risque de calamité  publique.    En conséquence, en vertu de l’article 69 de la Constitution et de la loi 69-29 du 29 avril 1969, à  compter de ce soir à minuit, je déclare l’état  d’urgence sur l’étendue du territoire national.   Le gouvernement, les autorités administratives et  l’ensemble des services de l’Etat concernés  prendront toutes les dispositions nécessaires à  l’application sans délai du décret sur l’état  d’urgence. 

J’ordonne les forces de défense et de sécurité de se  tenir prêtes en vue de l’exécution immédiate et stricte des mesures édictées sur l’étendue du  territoire national.  Conformément à la loi sur l’état d’urgence, ces  mesures donneront en particulier aux autorités  administratives compétentes le pouvoir :

➢ de réglementer ou d’interdire la circulation des  personnes, des véhicules ou des biens dans  certains lieux et à certaines heures ; 

➢  d’interdire, à titre général ou particulier, tous  cortèges, défilés, rassemblements et  manifestations sur la voie publique ;

➢ d’ordonner, la fermeture provisoire des lieux  publics et lieux de réunions ; ➢ d’interdire, à titre général ou particulier, les   réunions publiques ou privées de quelque  nature qu’elles soient, susceptibles de  provoquer ou d’entretenir le désordre.

Ces mesures, non exhaustives, pourraient évoluer  en fonction des circonstances.  Elles sont assorties d’un couvre-feu sur l’étendue  du territoire national, de 20 heures à 6 heures. 

Une limitation, et au besoin une interdiction, sera  imposée au transport de voyageurs de région à  région.  Le Ministre en charge des Transports, en rapport  avec le Ministre de l’Intérieur et des Forces  Armées, prendra les dispositions nécessaires à  l’application de cette mesure, y compris en milieu  urbain.  

Conformément à l’article 77 de la Constitution, je  saisirai l’Assemblée nationale d’un projet de loi  habilitant le Président de la République à prendre,  pour une durée de trois mois, des mesures  relevant du domaine de la loi, afin de faire face aux   impératifs d’ordre budgétaire, économique, social,  sanitaire et sécuritaire de la lutte contre le COVID 19.

Dans ce cadre, j’ai déjà entamé les consultations  avec les Institutions de la République. Je les poursuivrai demain avec l’opposition  parlementaire.

Je tiens, en particulier, à l’approvisionnement  régulier du pays en produits médicaux et  pharmaceutiques.  Il en est de même pour les denrées de première  nécessité. Le gouvernement mettra en œuvre des mesures de lutte contre toute hausse indue des prix.

Je suis également soucieux des effets de la crise sur  l’économie nationale. 

Pour en atténuer l’impact, j’ai créé un Fonds de  riposte et de solidarité contre les effets du COVID

19, FORCE-COVID-19, qui sera doté de 1000  milliards de FCFA.  Ce Fonds sera alimenté par l’Etat et toutes les bonnes volontés.  

Je lance un appel à tous, au secteur privé et aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, afin qu’ils  apportent leur soutien au FORCE-COVID-19.   Les ressources du Fonds serviront entre autres, à  soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora.   Une enveloppe de 50 milliards sera consacrée à

L’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence. Des mesures fiscales générales et spécifiques  seront également prises en soutien aux  entreprises.   Au titre des mesures générales, il sera accordé une  remise partielle de la dette fiscale constatée au 31  décembre 2019 due par les entreprises et les particuliers, pour un montant global de 200 milliards.  S’agissant des mesures spécifiques, elles bénéficieront aux secteurs les plus affectés par la crise du Covid-19, en particulier l’hôtellerie, la  restauration, le transport et la culture.  Ces mesures seront également étendues à la  presse, compte tenu des changements induits dans ses grilles de programme et du rôle de service  public qu’elle joue dans le contexte de la crise.  Les Ministres en charge des Finances et de  l’Economie prendront les dispositions nécessaires à l’application de ces mesures.  

Mes chers compatriotes, 

L’état d’urgence que je déclare aujourd’hui n’est  pas une fin en soi. Il ne s’agit pas également d’arrêter l’activité économique.  Il répond à un péril imminent si nous ne redoublons  pas d’effort. 

Face au péril, l’état d’urgence nous donne les  moyens de renforcer nos rangs et d’intensifier nos  efforts de lutte pour vaincre notre ennemi  commun.   Je rappelle que le virus porteur de la maladie ne  se déplace pas de lui-même. Il circule à travers les personnes qui le portent, qui le déposent dans  différents endroits et qui le transmettent ainsi à  d’autres.   Par conséquent, en limitant nos déplacements et nos rassemblements, nous arrêtons la circulation  du virus.   Si nous le faisons, nous avons la chance de gagner  le combat contre le COVID-19.  Par contre, et je vous le dis avec franchise, si nous  continuons de faire comme si de rien n’était, le  virus va se propager de façon encore plus massive  et plus agressive. Et malgré leur dévouement, nos  personnels de santé seront alors débordés et ne  pourront plus contenir la situation. C’est le pire des  scénarios. Nous ne le souhaitons pas.   Alors, j’en appelle à une prise de conscience  nationale sur la gravité de la situation.

J’en appelle à la responsabilité de chacun et de  chacune.  J’en appelle à l’esprit citoyen et patriotique de  toutes et de tous.   Limitons nos déplacements.

Evitons les rassemblements de quelque nature  qu’ils soient.   Il y va de notre propre santé et de notre propre vie.  Il y va de la santé et de la vie de nos familles et de  nos communautés. 

Mobilisons-nous, mes chers compatriotes. 

Ne laissons au virus ni la vie, ni nos vies. 

Il y va de notre salut. Il y va du salut de la Nation. 

Bonsoir.