COVID-19: AstraZeneca défend son vaccin malgré les déboires qui s’accumulent
Le laboratoire anglo-suédois a défendu ce lundi 22 mars son vaccin désormais rejeté par une bonne partie des Européens. Après des essais cliniques menés aux États-Unis, il affirme qu’il est efficace à 80 % contre le Covid-19 chez les personnes âgées et n’augmente pas le risque de caillots dans le sang.
Cela fait plusieurs mois maintenant que les résultats de l’essai clinique de phase 3 du vaccin d’AstraZeneca ont été publiés. Mais ils n’avaient pas convaincu la Food and Drug Administration (FDA), l’agence du médicament américaine. Au contraire, des vaccins de Pfizer, Moderna et Johnson et Johnson, le produit n’est donc pas autorisé aux États-Unis.
Pour cela, la FDA a demandé un complément d’information. Ce sont ces données que le laboratoire vient de rendre publiques par communiqué de presse. On lit que plus de 30 000 volontaires recrutés aux États-Unis, au Pérou et au Chili ont participé à l’essai.
Le vaccin est efficace à 79 % pour prévenir le Covid-19 symptomatique dans la population générale et à 100 % pour empêcher les formes sévères de la maladie et l’hospitalisation, a affirmé le laboratoire.
Il est efficace à 80 % chez les personnes âgées et n’augmente pas le risque de caillots sanguins, selon le laboratoire, alors que plusieurs pays ont renoncé à le prescrire aux plus âgés en raison d’un manque de données sur les seniors lors des précédents essais. Ce mois-ci, plusieurs États ont suspendu son utilisation par crainte qu’il ne provoque des caillots, parfois mortels.
On attend désormais la publication de toutes les données. Elles vont être soumises à un journal scientifique à comité de lecture ainsi qu’à la FDA. Astra Zeneca entend ainsi demander son autorisation dans les semaines qui viennent.
Vaccin perçu comme « dangereux »
Ce plaidoyer suffira-t-il à rétablir la confiance ? Le vaccin AstraZeneca est perçu comme plus dangereux que sûr en Allemagne, en France, en Espagne et en Italie, selon une étude d’opinion réalisée entre le 12 et 18 mars. Jeudi 18 mars, l’Agence européenne des médicaments (EMA) l’a pourtant jugé « sûr et efficace ». Dans la foulée, l’utilisation du vaccin a repris dans plusieurs pays. mMais l’impact sur l’opinion publique s’est fait sentir, souligne l’institut YouGov : « Non seulement nous avons constaté une augmentation considérable du nombre de personnes qui le jugent dangereux au cours des deux dernières semaines en Europe, mais le vaccin AstraZeneca continue d’être considéré comme nettement moins sûr que ceux de Pfizer et Moderna. »
Avec les campagnes de vaccination, les Européens pourraient atteindre l’immunité collective en juillet, a laissé entrevoir ce dimanche 21 mars le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton. « C’est la dernière ligne droite parce que nous savons que pour vaincre cette pandémie, une seule solution : se faire vacciner. Les vaccins arrivent, ils seront là », a martelé le commissaire français. Encore faut-il avoir des stocks suffisants, alors que Britanniques et Européens s’accusent mutuellement de capter les doses produites sur leur territoire.
« Contre-productif »
Le ministre de la Défense britannique Ben Wallace a prévenu dimanche qu’il serait « contre-productif » de bloquer les exportations d’AstraZeneca, comme l’a menacé la veille la Commission européenne si l’UE ne recevait pas d’abord ses livraisons. « La Commission a son propre contrat avec AstraZeneca. Nous essayons simplement de le faire respecter. Le laboratoire nous a livré moins de 10 % des doses prévues pour l’année par le contrat. Il est donc normal que nous demandions que ces doses soient livrées comme prévu aux Européens », a rétorqué dimanche soir une source dans l’entourage de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Ursula von der Leyen a rappelé que le contrat de l’UE avec AstraZeneca prévoyait la livraison de doses produites à la fois sur le territoire de l’UE et au Royaume-Uni. « Or, nous n’avons rien reçu des Britanniques, alors que nous les fournissons. »
Le vaccin AstraZeneca est notamment produit dans deux usines en Belgique et aux Pays-Bays. Deux pays qui ont appelé à la prudence sur un durcissement des exportations alors que d’autres États européens, comme la France, le soutiennent.
Le recours à ce vaccin est crucial au moment où s’accélère la troisième vague de la pandémie de Covid-19, notamment en Europe, où l’Allemagne envisage de nouvelles restrictions. Le gouvernement de Berlin doit prolonger, voire durcir les restrictions face à une troisième vague toujours plus virulente, au risque de nourrir la grogne déjà croissante dans l’opinion.
RFI