MIGRANTS DE L’AQUARIUS: Une mission de l’OFPRA prête à partir à Valence
Le convoi composé de trois bateaux chargés de migrants dont l’Aquarius, affrété par SOS-Méditerranée et MSF, est arrivé dimanche à Valence avec ses 630 rescapés. L’odyssée de ce bateau, rejeté par l’Italie et par Malte, avant que l’Espagne l’accueille, a relancé la polémique sur la politique d’accueil de l’Union européenne. Après plusieurs jours de polémiques, le président français a précisé que la France accueillerait les migrants qui le souhaitent.
La France a annoncé l’envoi d’une mission de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) pour identifier en Espagne les passagers de l’Aquarius pouvant bénéficier de l’asile en France. Il faudra que les candidats répondent aux critères du droit d’asile dictés par la France. Et c’est bien sûr l’Etat français qui aura le dernier mot sur le nombre de réfugiés de l’Aquarius que la France accueillera ; s’il y en a trop, ils ne seront pas forcément tous accueillis. « Cela va d’abord dépendre de la volonté des personnes de demander l’asile ou non, de le faire vers la France, nous explique Pascal Brice, directeur de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, joint par RFI. Puis de l’instruction de leurs demandes, de manière à voir si elles correspondent aux critères du droit d’asile. Et ensuite, du nombre de personnes que le gouvernement français souhaitera accueillir».
Une mission de l’OFPRA est prête à partir « dans les tous prochains jours. Nous sommes prêts à partir à tout moment, en fonction de l’organisation sur place et du moment où nos collègues espagnols auront pu recueillir les souhaits de ces personnes». Les autorités espagnoles assurent depuis dimanche une première prise en charge des 630 rescapés: les réconforter, les nourrir, les soigner avant de procéder à un point sur leur situation administrative. Plus de 2000 personnes ont été mobilisées pour ces tâches. «Dès que nous aurons une idée plus précise de leurs souhaits en matière d’asile, nous viendrons », assure Pascal Brice.
Selon l’organisation Médecins sans frontières, co-affréteur de l’Aquarius, les migrants se sont vu remettre trois formulaires au choix à remplir: un pour demander un permis de séjour provisoire de 45 jours, un pour demander l’asile en Espagne et un autre pour le demander en France.
Que l’Europe réponde d’une manière organisée au droit d’asile
« Le président de la République a indiqué – et c’est dans ce cadre-là que nous travaillons -, que la France souhaitait être solidaire de l’Espagne auprès des passagers de l’Aquarius, poursuit Pascal Brice… à l’OFPRA nous travaillons depuis plusieurs années, depuis ces derniers mois, dans un contexte pas tout à fait simple au niveau européen.
Nous veillons, pour notre part, à être là auprès des demandeurs d’asile, à instruire les demandes, à faire respecter le droit d’asile. C’est ce que nous faisons d’abord sur le territoire français. Nous le faisons depuis quelques années, à la fois par des missions au Sahel, au Proche-Orient, en Turquie… Nous avons fait cela en Grèce pendant deux ans, en Italie. Nous allons continuer à le faire. C’est aussi un moyen de montrer qu’il y a une possibilité pour que l’Europe réponde de manière respectueuse du droit d’asile et de manière organisée à cet enjeu. C’est notamment ce que nous allons continuer à faire en nous rendant en Espagne ».
Pedro Sanchez, tout juste arrivé au pouvoir en Espagne, avait offert d’accueillir ces migrants à qui l’Italie et Malte refusaient d’ouvrir leurs ports. Le refus de l’Italie et de son ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini (Ligue, extrême droite), d’accueillir l’Aquarius a plongé l’Europe la semaine passée dans une nouvelle crise sur ce dossier. Emmanuel Macron, alors que les autorités françaises tardaient à réagir, avait notamment accusé l’Italie de cynisme et d’irresponsabilité avant de rencontrer le Premier ministre italien Giuseppe Conte vendredi.