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SANTÉ : Le SUTSAS continue la lutte

Déclaration liminaire de la conférence de presse du SUTSAS sur la situation socio sanitaire et l’érection des Directions régionales de la Santé et de l’Action sociale

Au cours du Conseil des ministres du 12 juillet 2023, le Gouvernement du Sénégal, un mois (14 Juin-14 Juillet 2023) seulement après le rappel à Dieu du regretté Secrétaire général Sidya Ndiaye qui prenait place ici à nos côtés, le flambeau de la lutte est repris par le SUTSAS pour la matérialisation d’un accord portant « Érection des Directions régionales de la Santé et de l’Action  » obtenu sous le magistère du Professeur Awa Marie Coll SECK. La raison, une énième manœuvre cousue de fil blanc de l’apprentie Ministre de la Médecine, pardon le Ministre de la Santé et de l’Action sociale (MSAS). En effet, le Changement de paradigme défendu en son temps après plusieurs mois de grève du SUTSAS, par la transformation des régions médicales en Directions régionales de la Santé et de l’Action Sociale privilégiant une « approche sanitaire » par les déterminants de la Santé en lieu et place de « l’approche maladie » ayant fait l’objet d’un accord Gouvernement-SUTSAS contenu dans le Décret 2020-936 du 03 avril 2020 est complètement remis en cause par le Dr Marie Khemesse Ngom qui a procédé à un demi-tour extraordinaire sur un des accords phares conclus avec le SUTSAS à savoir le remplacement des Régions Médicales par des Directions régionales de la Santé et de l’Action sociale (DRSAS). En lieu et place, le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, médecin de son état, a fait procéder à une médicalisation totale de la politique de santé par le charcutage des DRAS en directions régionales de santé, et la nomination toute simple des médecins chefs de région à leur tête tout en saucissonnant la Direction Régionale de la santé et de l’Action Sociale en deux entités distinctes à savoir une Direction de la santé en reconfirmant les mêmes locataires d’une part et d’autre part une Direction régionale de l’Action Sociale.
Ainsi, en un tour de main, le décret 2020-936, muri de 2013 à 2020 surtout de concert avec le SUTSAS et And Gueusseum et la DREAD, qui consacrait l’érection des DRAS, a vu ses propositions de modification dévoyées et mises à exécution en quelques heures. Pour qui et Pourquoi ?
Le Président de la République a-t-il été informé de tous les soubassements de cette grande précipitation ? Tout détruire en quelques heures ! Nous ne pouvons penser que ce soit la vision du Président, d’autant plus que ces mesures organisationnelles sont en déphasage net avec l’organisation du MSAS et la logique d’optimisation des relations entre les niveaux déconcentrés de l’Etat et les institutions de la décentralisation.
Outre la violation des accords qui portaient sur la valorisation inclusive de tous les acteurs en lieu et place de la médicalisation restrictive des soins, ces nominations et changements de dénomination au seul profit de la corporation des médecins vont déstabiliser la coordination de l’action de l’exécutif au niveau déconcentré des régions et décentralisé des territoires. Les gouverneurs, les préfets et les élus locaux devaient avoir un interlocuteur unique représentant tout le domaine de compétence du MSAS. Avec ce charcutage la confusion va régner du fait de la multiplication des interlocuteurs régionaux pour le même secteur. Plus grave, cette logique de partition incongrue met à la marge la Direction Générale des EPS qui coiffe les hôpitaux.
Pourquoi deux directions sur trois seront-elles représentées au niveau régional ? Pourquoi avoir éliminé les Directions Régionales de la Santé et de l’Action sociale ? Tout ça pour et par la corporation des médecins ? Cela ne se justifie pas.
Certes, le SUTSAS soutient les intérêts des médecins qui, malheureusement, ont capitalisé presque seuls tous les gains des professionnels du système de santé en termes de gestion des carrières et des rémunérations : retraite à 65 ans, plus de 700 000 (BAC+7) d’augmentation, contre difficilement 200 000F pour les plus gradés des acteurs de soins niveau master 2 (bac +5). Mais même s’ils le méritent à l’image de ce qu’ils peuvent gagner ailleurs dans le monde, là il s’agit du Sénégal. Il s’agit aussi de la santé, pas seulement des soins médicaux. Il s’agit de schémas d’organisation et de développement territoriaux, pas de gestion clinique de centres de santé.
Le secteur de la santé et de l’action sociale est l’épine dorsale du projet de développement du capital humain devant projeter le Sénégal vers l’émergence. Il est scandaleux de voir ce secteur devenir le domaine exclusif de promotion d’une seule catégorie de sénégalais.
Les directions du ministère sont médicalisées ; les directions des hôpitaux sont médicalisées ; les plus hautes instances de l’Action Sociale sont médicalisées. Maintenant c’est au tour des instances régionales chargées de mettre en œuvre une vision inclusive du PSE dans des territoires viables.
Nous dénonçons ce charcutage et cette prise d’otage de la santé et de l’action sociale, cette déviation du projet de territorialisation des politiques publiques de santé. Aussi, nous en appelons à la clairvoyance à la vigilance et au sens de l’inclusion du Chef de l’Etat dont la vision et les valeurs exprimées sont ancrées dans les vertus de l’équité, de la justice et de la responsabilité.
Nous appelons à la révision de ces mesures injustes et précipitées. Nous consulterons tous les acteurs et parties prenantes de cette affaire à retentissement national pour déterminer la conduite à tenir. Il n’est pas exclu de déterrer la hache de guerre et de saisir la cour suprême dans les meilleurs délais aux fins de l’annulation de cette forfaitaire.

Fait à Dakar le 14 juillet 2023