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DES PROFESSEURS RÉPONDENT AU MINISTRE DE L’ÉDUCATION MOUSTAPHA GUIRASSY

(Par FÉLIX MBOUP)

En réaction contre les propos discourtois et catastrophiques que le Ministre Moustapha Guirassy a tenus sur la manière dont aurait corrigé un professeur dans une des périphéries du Sénégal, pour reprendre ses mots, j’ai eu le tact et le courage de lancer la rubrique  » Les professeurs répondent à Guirassy  » , pour d’abord montrer que l’enseignant est un soldat dusavoir qui défait sa carrière pour faire éclore des talents, ensuite pour dire qu’aucun ministre n’a le droit de dire du mal des agents qu’il manage, et enfin pour alerter sur les conséquences du populisme avec lequel on cherche à nous gouverner.
Le bac, pour qui le connaît, est un examen très transparent qui se déroule dans des conditions de rigueur et de professionnalisme. Du début jusqu’à la fin du processus, rien d’anormal ou de suspect ne se passe pendant cet examen. Vouloir clouer au pilori le digne corps des enseignants en partant de commérages ne doit pas être le cheval de bataille d’un ministre de l’Éducation qu’ interpellent des défis majeurs. On ne dirige pas le ministère de l’éducation avec des discours mais avec le sens du partage, l’ouverture et la discrétion. Les attitudes d’opposant tout comme les réactions épidermiques sont bannies dans le nouveau type de management.

LE CHOIX DU MINISTRE DE L’ÉDUCATION TRADUIT LA CONCEPTION QUE L’AUTORITÉ A DE L’ÉDUCATION (Par Alassane Kitane, Professeur de Philosophie au lycée Amary Ndack Seck)

J’espère qu’il s’agit d’un simple deepfake comme c’est désormais leur alibi préféré (oh la bassesse!), car un ministre de l’éducation ne peut se permettre de dire pareilles énormités. Prétendre que la baisse du taux de réussite au bac est due à une loterie de notes à laquelle s’adonneraient des enseignants, ce n’est pas seulement faux et absurde, c’est plutôt scandaleux. On ne sait pas d’où est-ce qu’il tire une telle conclusion, mais il devrait être traduit en justice par les syndicats d’enseignants. C’est quand même extraordinaire ce qui se passe dans ce pays : un ministre qui parle avec autant de légèreté sur une question aussi cruciale !

Le propos de l’humoriste français Pierre Dac « Il est plus facile de trouver un portefeuille sans ministre qu’un ministre sans portefeuille » trouve toute sa portée dans notre pays. Un ministre ne peut pas parler comme un activiste, sa parole fait écho et école. Les ministres doivent faire des émules dans leurs capacités discursives et argumentatives. Les raccourcis intellectuels, chez un ministre, c’est une calamité morale et politique. Comment un homme censé présider aux destinées de l’école sénégalaise peut-il faire une inférence aussi grave à partir de ce qu’UN enseignant lui aurait dit. La fantaisie est vraiment le premier ministre du démon.

J’aurais été ministre de l’éducation, je ferais un procès à ce président de jury afin de déclencher une enquête d’envergure pour cerner les fautifs d’un telle hérésie professionnelle. Quand on est ministre on ne peut pas se « sourcer » auprès des radoteurs et de l’opinion vulgaire : on doit motiver ses déclarations par une connaissance sérieuse des données et des enjeux du moment. Une telle déclaration discrédite non seulement le bac, mais également tout le système éducatif. Les candidats au baccalauréat pourraient d’ailleurs être déstabilisés par de tels propos. Si c’est ce genre de langage qu’on tient en conseil des ministres, notre pays court un risque.

QUELLE LÉGÈRETÉ INOUÏE ! (Par Papa Malik YOUM)

Le ministre de l’éducation Nationale a fait montre d’un manque de rigueur intellectuelle et d’objectivité inacceptables à ce niveau de responsabilité.
En écoutant sa déclaration, on sent nettement qu’il n’a pas bien vérifié son information lorsqu’il soutient qu’à l’occasion d’une session du baccalauréat un professeur aurait corrigé dans la précipitation et au hasard plus de 800 copies en seulement 24 heures.
Tout ceci pour faire avaliser l’idée selon laquelle la correction du Bac au Sénégal se fait souvent sans sérieux ni rigueur. Une déclaration grave et lourde de conséquences. En effet,il ne mesure pas l’impact qu’une telle déclaration pourrait susciter psychologiquement chez le candidat en termes de motivation d’une part et de l’autre l’écho négatif de nos évaluations et la crédibilité de notre diplôme au niveau des universités étrangères en termes de sérieux et de rigueur dans l’organisation de nos examens et la délivrance de nos diplômes.
Ressaisissez vous !

MONSIEUR LE MINISTRE DE L’ÉDUCATION DOIT REVOIR LA COM’ ET S’IMPRÉGNER DES PROBLÈMES. (Par Serigne Ibra Ndiaye, inspecteur de l’éducation à la retraite, Imam à Fatick)

Les résultats de ces trois dernières années montrent que les enseignants de tous ordres ont bien travaillé. Il faut le reconnaître et non s’aventurer dans des critiques violentes et hasardeuses. On attend surtout le nouveau régime sur les problèmes les plus urgents comme par exemple :
1-La requalification des 5.000 enseignants du recrutement maison. Il faut bien les former, beaucoup sont âgés ou sont devenus presque illettrés après des années d’inactivité ou d’activité hors de l’éducation (certains sont d’anciens vendeurs de café-touba, des vendeuses de petit déjeuner ou faisant de petits boulots de survie).
2-La bataille pour la qualité, (les résultats sont meilleurs pour les filles donc encourager et soutenir les actions de la SCOFI). Le relèvement des résultats dans les séries scientifiques, résorber la perdition scolaire entre la 3ème et la seconde, beaucoup d’élèves qui ont le BFEM n’ont pas le niveau.
3-Améliorer le cadre de vie à l’école (points d’eau, toilettes), résorber les abris provisoires.
4-Revenir à l’ancien système du déplacement des enseignants de région à région pour le bac et de département à département pour le BFEM et l’entrée en 6ème.
5-Clarifier les avancements et les rappels
6-Enfin reconnaître la nécessité de revoir la taille des programmes et surveiller la rédaction des manuels dont certains sont carrément indigestes pour l’élève comme pour le maître.