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Le Rwanda continue à «détenir les pauvres de façon arbitraire et illégale», dénonce HRW

L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch appelle le Rwanda à respecter la décision de la Cour africaine des droits de l’homme et à cesser de criminaliser les pauvres. Cette cour régionale a jugé le 4 décembre les mesures visant à déporter ou arrêter des personnes « vagabondes » comme contraires à la charte africaine des droits et des peuples. Le « vagabondage » y est officiellement dépénalisé, mais ces pratiques continuent depuis 2006, selon HRW.

Le Rwanda pointé une nouvelle fois du doigt. Alors que Human Rights Watch (HRW) avait déjà tiré la sonnette d’alarme, l’ONG accuse à nouveau Kigali de détenir et criminaliser des personnes considérées comme « vagabondes » de manière arbitraire et sans cadre légal.

En 2015, Kigali a dû fermer le centre de Gikondo, après des accusations de mauvais traitement de sans-abris, mendiants et vendeurs à la sauvette dans ce centre qualifié de « prison » non-officielle de la capitale rwandaise.

Alors que le « vagabondage » n’est plus un délit dans le pays, HRW avance que ces détentions se poursuivent, selon des documents qui remontent jusqu’à 2006. Et ce malgré un jugement du 4 décembre de la Cour africaine des droits de l’homme enjoignant les autorités à respecter les droits de ces personnes. La juridiction s’est prononcée en réponse à une demande de l’Union panafricaine des avocats, envoyée en mai 2018.

« Human Rights Watch a lancé plusieurs rapports, notamment en 2006, en 2015, en 2017 et en 2020, par rapport aux pauvres qui sont détenus d’une façon complètement arbitraire et illégale au Rwanda », explique Lewis Mudge, directeur de l’Afrique centrale pour le compte de l’ONG.

Ils sont détenus dans des centres de transit ou bien dans des soi-disant centres de réhabilitation, où ils ne sont pas vraiment réhabilités. Ils y sont en réalité maltraités : par exemple vous avez les enfants et aussi bien sur les adultes qui sont tabassés, parfois ils sont gardés dans les chambres pleines de gens, où ils sont vraiment coincés. Mais plus important, ils sont gardés dans une façon complètement arbitraire : sans procès, sans juge, sans même statut vis-à-vis de l’État. Ils sont tout simplement distingués comme des vagabonds, donc ça continue d’être un vrai problème au Rwanda.

RFI