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Sénégal: à Dakar, le roller fait des émules

À Dakar, depuis plusieurs années, le roller est tendance. Un mode de transport pour slalomer entre les bouchons, mais surtout une discipline sportive riche avec de nombreuses variantes. Les clubs se multiplient et les champions sénégalais brillent à l’international, mais le sport reste mal encadré et il existe peu d’infrastructures pour les accueillir.

Fin d’après-midi à Guediwaye, en banlieue de Dakar. Une nuée d’enfants et de jeunes hommes font leur entrée, rollers aux pieds, sur le terrain de basket. Pendant que les petits s’entraînent au saut en hauteur, les plus grands slaloment rapidement autour de petits plots fluo.
La passion du roller se répand du bouche-à-oreille, comme pour Amadou Tidiane Diop, 23 ans. « Un ami m’avait dit qu’une personne vendait des rollers pour 300 francs pièce. Je me suis dit que c’était moins cher, et que je pouvais m’y mettre pour voir ce que ça donnerait. J’y suis donc allé, mais il n’y avait plus de roller. Alors, j’ai acheté une paire à 2 500 francs. C’était une paire de mauvaise qualité, mais j’ai adhéré tout de suite », se souvient Amadou Tidiane Diop.
Et une fois « le virus » du roller attrapé, difficile de s’en débarrasser. Ousseynou Diene pratique depuis l’enfance. « On sent l’adrénaline en quelque sorte. Quand on pratique ce sport, il y a des sensations qu’on ne peut pas exprimer. »


Un sport ouvert à tous


L’association Pro Style Roller a été créée par deux frères jumeaux passionnés en 2005, Ousseynou et Assane Manga. C’est la première en banlieue. La cotisation est à 2 000 francs CFA par mois, soit environ 3 euros, mais ils font des exceptions pour les jeunes issus de familles très pauvres, comme l’explique Ousseynou. « Moi, je leur dis “je comprends votre situation et ce n’est pas grave”. L’amour [du sport] est plus important que l’argent. »
Le club organise régulièrement des évènements ouverts à tous pour faire connaître leur sport. Il y aurait désormais une bonne vingtaine de groupes partout dans le pays. Ce jour-là, que des garçons sur le terrain, mais c’est une fille qui a particulièrement marqué l’histoire du Pro Style Roller. Awa Baldé, double championne du monde, s’est formée avec le club.


Un manque d’infrastructures


Le Sénégal est le seul pays africain à s’être hissé au niveau de champion du monde de roller. L’athlète Dame Fall, lui, a décroché l’or en 2017 en free jump, ou saut en hauteur libre, puis à nouveau en 2022. Il vit à présent en France, car il n’est pas facile de retenir les champions au Sénégal.
« On manque d’infrastructure pour s’entraîner », regrette Ousseynou Diene. « Certains manquent de locaux pour s’entraîner, alors ils le font dans la rue. Je pense aussi que l’État doit nous aider parce que le roller est un sport comme un autre. »
Trois athlètes franco-sénégalais concourent fin janvier pour les qualifications aux JO de 2024 sous le drapeau sénégalais. De quoi faire rêver toute la nouvelle génération.

RFI