Quelle orientation industrielle pour le Sénégal ?
L’industrie sénégalaise reste potentiellement une levier de croissance exceptionnel, mais encore sous exploitée. Elle aurait pu, au-delà des progrès qu’elle peut incuber, résoudre les problématiques socioéconomiques majeures du Sénégal, à savoir les questions économiques dans leur globalité et la problématique du chômage des jeunes.
Le Sénégal souffre d’un défaut de politique industrielle. Les progrès modestes observés, hormis ceux incarnés à travers récemment le PSE, sont de l’œuvre d’opérateurs nationaux privés et étrangers. À l’heure où certains pays africains se glorifient de percées et de progrès 4.0 (industrie quatrième génération) avec l’expérimentation de l’IA, le Sénégal se pose encore la question de savoir si son « industrie 2.0 » peut toujours lui permettre de rester compétitif et de sécuriser ses emplois.
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Une extraordinaire opportunité pour résoudre les problématiques socio-économiques majeures* .
Les réformes structurelles enregistrées depuis 2000 avec l’ouverture du pays au régime libéral et renforcées avec le Plan Sénégal Émergent (PSE) concept étaient salutaires, mais devraient être encore poussées pour nous adapter aux réalités géostratégiques et Économiques internationales et surtout pour nous affranchir de la forte dépendance extérieure.
La souveraineté Économique passe inéluctablement par une souveraineté industrielle, avec une production et une productivité locales en croissance pour un rééquilibrage de la balance commerciale.
Une politique industrielle claire et ingénieuse par un croisement entre les besoins endogènes et le repositionnement sur des niches à forte valeur ajoutée, sur fond de valorisation du savoir faire locale du du label « Made in Senegal » est à la fois une nécessité et une urgence. Surtout à l’heure où l’on parle d’épuration, de maîtrise des finances et de la dette publique d’une part et d’amélioration des conditions de vie des Sénégalais d’autre part. Une production locale pensée selon la relation corrélative « demande et offre » (intégrant la dimension évolutive du comportement des consommateurs et par la R&D) et sur fond d’une montée en gamme dans la chaîne des valeurs, réduit la dépendance, les coûts des produits industriels, soulage les menages et crée des emplois massifs.
Satisfaire une bonne partie de la demande locale par une production locale est une vision à matérialiser par une collaboration avec les centres de formation technique, les universités techniques et écoles spécialisées et par le truchement de coopération orientée transfert de compétences et montage de structures ad-hoc en PPP (je peux développer au besoin). Ce qui ne saurait se faire sans une identification des acteurs industriels par domaine, leur réorganisation et leur implication dans tout le processus, de la réflexion stratégique embryonnaire à la mise en œuvre du plan sectoriel, en passant par l’édification d’une nouvelle génération industrielle inédite.
Les zones économiques spécialisées et les parcs Industriels portés par le PSE et l’Apix sont des socles à renforcer sur les plans techniques, politiques et de manière inclusive en intégrant d’autres paramètres et niches sur d’autres contrées jusqu’ici mal loties ou oubliés dans les politiques publiques de l’État.
Et ce, sur fond toujours de la colorisation du savoir faire local pour la sécurité socioéconomique, mais aussi pour faire de l’export une véritable machine économiques en termes de rentrée de devises et de positionnement sur les échiquiers commerciaux sous régional, régional et mondial.
*Une politique d’accélération industrielle.*
Cette politique d’accélération industrielle (2025-2030), telle que pensée, va accroître sa contribution au PIB national. Elle prendra un raccourci pour permettre au pays de gommer – tant soit peu – son gap d’abord par rapport aux industries fortes au niveau régional dune part , et créera à coup sûr – à travers le repositionnement sur des niches à forte valeur ajoutée et la réorganisation sectorielle pas moins de 250 000 emplois directs et indirects sur les 5 ans, d’autre part. Certains secteurs peuvent créer jusqu’à plus de 1000000 d’emplois directs et indirects.
Les autorités actuelles doivent comprendre la nécessité et l’urgence de la mise en place d’une réelle politique industrielle. L’alternance est une excellente opportunité pour corriger la léthargie observée dans le domaine parlant de politiques publiques du Sénégal. Il est temps d’exploiter pleinement les opportunités jusqu’ici sous-exploitées et pourtant si accessibles et réalisables. Il suffit de faire confiance à nos experts, surtout ceux qui ont des expériences internationales avérées.
*Cheikh Mbacké SENE
Ancien conseiller de Président de zones industrielles et fédérations sectorielles (Maroc) et d’agence régionale de développement (Languedoc Roussillon)*