TRANSPARENTE DES RESSOURCES NATURELLES : Des sénégalais dans la rue pour une gestion
Des centaines
d’activistes, d’opposants et de citoyens ont marché vendredi à Dakar pour
réclamer davantage de transparence dans la gouvernance et la gestion des
ressources naturelles du Sénégal, a constaté l’APS.
La manifestation est partie de la Place de la Nation
(ex-Obélisque) avant de s’achever sur le boulevard Général de Gaulle. Elle a
été à l’initiative de la plateforme dénommée ‘’Aar li nu book’’ (préserver
notre patrimoine).
Ce mouvement a notamment été mis sur pied à la suite
d’allégations de corruption relayées par le média britannique BBC à travers une
enquête mettant en lumière un supposé scandale financier impliquant Aliou Sall,
le frère du président de la République.
Dans un documentaire publié le 3 juin dernier intitulé
« Sénégal : Scandale à 10 milliards », le média public britannique
fait état d’un paiement de 250.000 dollars, soit 146 millions de l’homme
d’affaires Frank Timis à Aliou Sall, un point crucial de ses allégations de
corruption dans l’attribution de contrats pétroliers au Sénégal.
La BBC affirme notamment démontrer comment la société de
Frank Timis s’était vu retirer puis réattribuer une autorisation d’exploration
après l’accession au pouvoir du président actuel Macky Sall, en mars 2012.
Le gouvernement a battu en brèche ces allégations, parlant
notamment du reportage de la BBC comme d’un « tissu de contrevérités […]
destinées volontairement à manipuler l’opinion et jeter le discrédit sur le
gouvernement et l’État du Sénégal ».
Une information judiciaire a ensuite été ouverte pour faire
la lumière sur ces allégations de corruption relayées par le média britannique
et sur toutes les autres accusations ayant trait à cette affaire.
Des acteurs politiques et de la société civile ont commencé à
témoigner devant les enquêteurs de la Division des investigations criminelles
(DIC) après que le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye a lancé
un appel public à témoins.
’’Ce combat est simple. Il consiste à informer le peuple du
Sénégal sur ce qui s’est passé pour la manifestation de la vérité. On veut que
des enquêtes objectives claires et transparentes soient organisées pour que la
vérité soit sue et soit dite’’, a déclaré Abdoul Mbaye, ancien Premier, passé
dans l’opposition à la suite de son limogeage, en 2013.
’’Rien n’empêchera au peuple souverain d’obtenir gain de
cause dans cette affaire’’, a de son côté réagi Ousmane Sonko, candidat
malheureux à la présidentielle du 24 février dernier. Il a ainsi appelé au
maintien de ce mouvement de protestation.
C’est à partir de 15 heures les manifestants, vêtus pour la
plupart du maillot de l’équipe nationale de football ou encore de tee-shirts à
l’effigie de la plateforme ‘’Aar li nu bokk’’ ont entamé leur marche.
Certains tenaient des drapeaux aux couleurs nationales,
d’autres brandissant des pancartes sur lesquelles étaient écrites de messages
de protestation.
Bien encadrés par les forces de l’ordre, ils ont ainsi
parcouru quelques centaines de mètres sur les allées du centenaire avant de de
s’arrêter à la place ‘’Sing Sing’’ où ils ont tenu un grand rassemblement.
Pendant trois tours d’horloges, des membres de cette
plateforme se sont relayés pour dénoncer ce qu’ils appellent ‘’la spoliation de
nos ressources pétrolières et gazières à travers les différents permis
d’exploitations accordés jusqu’ici par le gouvernement du Sénégal.
Le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie
(opposition), Cheikh Bara Mbacké Doly, a par exemple appelé l’Assemblée
nationale à mettre sur pied une commission d’enquête parlementaire afin de
faire la lumière sur cette affaire.
’’Avant même la diffusion du documentaire de la BBC, j’avais
par correspondance administrative adressée au président de l’Assemblée
nationale, Moustapha Niasse, sollicité la création de cette commission
d’enquête parlementaire. Cette requête est restée sans suite’’, a soutenu le
député du parti démocratique sénégalais (PDS, opposition).
’’On aurait pu rester chez nous comme tout le monde puisqu’on
n’est pas dans le besoin. Mais on se bat pour la génération future, pour la
justice et la transparence dans tout ce que fait l’Etat et qui qui a un impact
direct sur nous citoyens’’, a pour sa part déclaré le rappeur Simon, membre du
mouvement ‘’Y en a marre’’.